France

Coupe Davis : De ses parents au pote Ben Shelton, la galaxie Arthur Fils, « un projet familial »

Changement d’univers pour Arthur Fils, de la chaleur et l’immensité de Melbourne aux 3.000 places du palais des Sports d’Orléans, où l’équipe de France de Coupe Davis disputera ce week-end son 1er tour contre le Brésil de la pépite João Fonseca. Changement d’entourage, aussi. Sa garde rapprochée se met entre parenthèses le temps d’un gros week-end pour laisser les Bleus et leur capitaine Paul-Henri Mathieu travailler sur la rencontre.

Un mini-événement en soi, dans la mesure où le projet autour du numéro 2 français réside autant dans l’exigence du travail bien fait que l’accompagnement sans faille des personnes qui gravitent autour de lui. Famille, coachs, amis, agent, Arthur Fils est très rarement seul au centre de sa propre galaxie. Parce que c’est son projet, surtout depuis qu’il a quitté le giron federal, fin 2023.

La famille : un père à « 90-95 % » du temps avec Arthur

Si vous allez un jour voir jouer Fils sur un tournoi, que ce soit en France où à l’autre bout du monde, il y a de fortes chances que vous repériez le papa, Jean-Philippe, dans son box. « Il voyage à 90-95 % du temps avec Arthur », estime l’agent du joueur, Philippe Weiss. Il était notamment présent à Tokyo l’automne dernier pour épauler le fiston dans sa semaine victorieuse, alors que Sébastien Grosjean n’avait pu l’accompagner.

Ancien basketteur doué dans ses jeunes années, le paternel a pratiqué tous les sports avec Arthur comme il l’expliquait dans un docu réalisé par l’ATP. « On a joué au foot, fait du vélo, du tennis, du basket. Ce sont des choses que je lui ai transmis, parce que moi, j’adore la compétition » « Mes parents jouent un rôle important dans mon développement, peut-être même le plus important, reconnaît le joueur. Bien sûr, sur le terrain, c’est moi qui joue et qui tiens la raquette, mais ils me soutiennent toujours et m’aident beaucoup. Ils ont un grand rôle à jouer. »

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La mère, Anne, est également au cœur du projet familial, bien qu’un peu moins présente physiquement. La faute à un emploi du temps saturé par un travail à responsabilités au sein d’une compagnie d’assurances. « Je ne la vois pas, racontait Arthur Fils dans le même reportage. De janvier (2024) à Roland-Garros j’ai dû la voir 2-3 fois. Ce n’est pas beaucoup en six mois. »

Les potes : Sean Cuenin, Gio Mpetshi Perricard en France, Ben Shelton à l’international

C’est dans ces moments difficiles que les amis prennent le relais. Il en va du bien-être. « Cela apporte un équilibre sur des tournois où on est loin de chez soi, on est loin de sa famille, acquiesce l’agent. Il a envie de voir son frère, sa sœur, sa mère plus souvent. Et donc derrière, avoir des amis sur le circuit apporte bien évidemment un réconfort. »

A Melbourne, Arthur Fils mangeait quasiment quotidiennement avec Giovanni Mpetshi Perricard, ami de longue date depuis les premiers pas au Centre national d’entraînement (CNE) de la FFT. Avec Sean Cuenin l’espoir déchu de la bande en proie aux blessures, ils forment un trio soudé et se retrouvent aussi régulièrement que leurs vies sportives respectives le permettent. « Avec Gio Ils ont les mêmes grooves musicaux. Ils aiment bien faire des restos sympas, avoir ces moments de convivialité, ces moments entre potes. »

Au-delà des relations de longue date, Arthur Fils s’est également lié d’amitié avec Ben Shelton, pas loin d’être le bonhomme le plus sociable dans le microcosme, il est vrai. Mais l’Américain considère le Français comme « un de ses amis les plus proches » sur le circuit, une bromance mise au grand jour en 2023 quand les deux gamins échangeaient par signature interposée sur les caméras des courts, l’un à Tokyo, l’autre à Anvers. Il leur arrive désormais de jouer en double ensemble, comme ce fut le cas à Bâle, à l’automne dernier.

Ben Shelton et Arthur Fils en double, c'est l'assurance de voir du rire et des câlins (surtout s'ils gagnent)
Ben Shelton et Arthur Fils en double, c’est l’assurance de voir du rire et des câlins (surtout s’ils gagnent) - Georgios Kefalas/AP/SIPA

Les coachs : l’ancien coach de Marin Cilic épaule Sébastien Grosjean

Tout comme il était allé chercher Sébastien Grosjean, Arthur Fils, qui ne travaillait plus qu’avec son entraîneur français depuis le départ de Sergi Bruguera après une décevante élimination au premier tour de Roland-Garros, est allé toquer à la porte d’Ivan Finkus, ancien coach de Cilic et plus récemment Kecmanovic. Le 19e joueur mondial avait apprécié les séances dirigées par le Croate et lui a proposé de rejoindre son staff à l’intersaison, à condition que ça colle avec Grosjean.

« C’est une mentalité différente. Ça change de la mentalité française où on va passer par cent chemins pour te dire quelque chose, déclarait Fils au détour d’une conférence de presse à l’Open d’Australie. C’est très droit, ça change et c’est très bien. S’il veut me dire que je suis nul et que je joue mal, il va me le dire et il aura raison. Un Français te dira :  »c’est pas si mal, ça se passe pas très bien, mais ça va payer. » Pour moi, tu perds du temps si ça ne va pas droit au but. Mes parents m’ont toujours dit les choses, je suis assez habitué à ça. »

L’agent : Philippe Weiss le garde à distance

« Ce qu’on lui a inculqué, c’est de gagner dans l’humilité. Aujourd’hui on gagne, demain on perd. Donc quand on gagne il faut être vigilant. » La phrase de Jean-Philippe Fils résonne avec la stratégie médiatique qui consiste pour le moment à en faire très peu autour du phénomène Fils, pour ne pas dire le moins possible. L’agent du joueur, Philippe Weiss y voit plus un marqueur d’ambitions que la nécessité de protéger son client, même s’il y a un peu de ça. Au fond, on le comprend, surtout dans un pays où la presse sportive croit voir pousser un nouveau Yannick Noah au moindre ATP 250 remporté par un Français (on plaide coupable).

« Bien évidemment on a envie de faire des choses [des apparitions dans les médias] avec lui, mais l’objectif c’est de faire en sorte vraiment qu’il soit focalisé sur son travail et qu’il soit prêt pour les ambitions élevées qui sont les siennes. C’est même pas de la protection, c’est naturel. Il y a un temps pour tout, il y a un temps pour le travail. C’est aussi notre rôle, c’est vrai, de faire en sorte qu’il puisse rester concentré sur ce travail. Il n’est pas encore arrivé. Il est 19e mondial, il a fait des choses qui sont remarquables, mais les objectifs sont ailleurs. » Quelque part dans le top 10, et pourquoi pas plus.