Quétiapine : Des milliers de personnes bipolaires, schizophrènes et dépressives privées de leur traitement
Jeudi, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a publié une alerte sur les « fortes tensions d’approvisionnement » de médicaments à base de quétiapine. Cette molécule, utilisée dans le traitement de maladies comme la schizophrénie, n’a pas véritablement d’équivalent et une pénurie durable pourrait engendrer de sérieux problèmes pour les patients.
La quétiapine, on en trouve dans le Xeroquel LP ainsi que dans différents médicaments génériques. « Il s’agit d’un antipsychotique atypique largement utilisé pour traiter des maladies comme la schizophrénie, les troubles bipolaires et les états de dépression résistante », explique à 20 Minutes un psychiatre, chef de pôle dans un Etablissement public de santé mentale (EPSM). En gros, selon le médecin, ce traitement au long cours permet de stabiliser les patients et de les débarrasser des symptômes de leur maladie.
« Il ne faut vraiment pas que cette pénurie dure »
Sauf qu’un arrêt brutal du traitement est la pire chose. « Il ne faut vraiment pas que cette pénurie dure puisque cela engendre des risques de rechute pour des patients qui étaient stabilisés et asymptomatiques », poursuit le psychiatre. Le danger est d’ailleurs avant tout pour « les malades et non pour leur environnement », tient à préciser le médecin, surtout pour les personnes souffrant de dépression caractérisée, liée ou non à leur trouble bipolaire.
Face à la pénurie, l’ANSM a demandé aux médecins « de ne plus initier de traitement par quétiapine » et de privilégier « les alternatives ». Le problème, c’est que les alternatives ne sont pas légion : « Il n’y a pas vraiment d’alternatives et c’est bien le problème avec cette rupture, reconnaît le psychiatre. Et s’il y en a, elles ne sont pas vraiment équivalentes. » Pour un nouveau patient, les psychiatres devraient pouvoir se débrouiller avec d’autres traitements existants. En revanche, « mettre en place un relais de traitement pour les malades déjà sous quétiapine peut être très long et incertain », affirme le praticien.
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La seule vraie solution est donc d’endiguer cette pénurie. Selon l’ANSM, la balle est dans le camp de Pharmathen International, le laboratoire grec qui produit la quétiapine, sujet à « un problème de production ». Contacté par 20 Minutes, Pharmathen International n’a pas donné suite. En attendant que la situation se débloque, la France va tenter de s’approvisionner ailleurs en Europe. Pour les patients français frontaliers, le salut peut venir de l’étranger. « En Belgique par exemple, où l’on peut se faire délivrer son traitement avec une ordonnance française », explique le psychiatre.