Baisse du Livret A : Logements sociaux, crédits… Pourquoi c’est aussi une bonne nouvelle pour l’économie (et pour vous)
En 2025, une nouvelle résolution à tenir : être plus optimiste. Même en économie, où les bonheurs se font rares en France ces dernières années. Alors en cette veille de baisse du taux d’intérêt du Livret A, de 3 à 2,4 %, décidons collectivement de voir « le verre à moitié plein » pour le compte épargne préféré des Français. Car oui, cet ajustement cache plusieurs bonnes nouvelles et fera en réalité de nombreux heureux. Même chez le consommateur, promis ! Voici quatre raisons de se réjouir de ce nouveau rendement.
La baisse de l’inflation
Le taux du Livret A dépend en partie de l’inflation, rappelle Stéphanie Villers, macro-économiste. Voir son taux baisser de 0.6 point illustre bien le ralentissement de la hausse des prix en France, tombée aujourd’hui à 1,4 %. En 2022, elle avait dépassé les 6 % pendant plusieurs mois. Selon les prévisions de l’Insee, la hausse des prix sur un an devrait continuer à se lisser jusqu’à descendre à 1 % en juin 2025.
C’est donc une bonne nouvelle pour le porte-monnaie du consommateur, durement éprouvé au moment de faire les courses ou payer sa facture d’électricité. De quoi également relativiser cette « baisse » du Livret A : « En réalité, avec l’inflation qui dégringole, ce n’est même pas une perte pour le consommateur, décrypte la spécialiste. Le taux du Livret A était à 3 % en 2024 avec une inflation à 2 % sur l’année, soit 1 % de taux réel ». Ce taux réel est donc maintenu en février (pour les non-matheux : 2,4 – 1,4 = 3 – 2 = 1).
Les logements sociaux
Un total de 25.000 logements sociaux supplémentaires devraient sortir de terre grâce à cette baisse des taux, selon les estimations de la Caisse des dépots et consignations. L’organisme public est chargé de faire vivre l’argent des Livret A, car ces milliards d’euros accumulés (plus de 430 en 2024) ne reposent pas au coffre-fort mais servent à financier plusieurs projets. Dans le détail, 39,5 % de l’argent récolté sur les Livrets est dédié aux prêts pour les logements sociaux. Cet immobilier, peu rentable, aurait bien du mal à se faire financer par des banques privées, d’où l’utilité du Livret A.
Chaque baisse du taux est donc une bonne nouvelle pour le secteur, indique Philippe Crével, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne. « La Caisse des dépots et consignations peut proposer des crédits aux bailleurs sociaux avec des taux plus faibles, car elle a elle-même moins de rendement du Livret A à rembourser ». Des crédits moins chers, donc davantage de crédits accordés, davantage de logements, CQFD. « Une très bonne nouvelle dans une France où le secteur du logement est en crise », appuie Philippe Crével.
Les banques et les crédits
Si 60 % du montant d’un livret A va dans la Caisse des dépôts et consignations, 40 % restent à la banque. « Ce sont d’autres gagnantes de la baisse du Livret A », poursuit Stéphanie Villers. Tout comme la CDC, les banques ont un effet moins de rendements à rembourser lorsque le taux d’intérêt baisse.
Ce qui pourrait, dans un scénario optimiste, avoir une incidence sur les autres crédits, estime Philippe Crével : « En ayant moins de remboursements à faire sur le Livret A, les banques pourraient baisser leurs autres crédits, notamment immobiliers ». Là encore, une bonne affaire pour le consommateur.
Une baisse de l’épargne des Français ?
Enfin, scénario le plus optimiste des optimistes : « Cette baisse du taux d’intérêt pourrait donner l’illusion aux Français d’un livret moins rentable, et les pousser à moins épargner et à davantage consommer », indique Stéphanie Villers. Un vœu pieux dans une France où la « surépargne » a de lourdes conséquences économiques.
Mais l’experte sèche de suite cet ultime espoir : « Il y aura peut-être des phénomènes à la marge, mais dans un contexte politique aussi incertain, avec quatre Premiers ministres en un an et un risque de censure omniprésent, les Français se montreront prudents sur la consommation. 0,6 point en moins sur le Livret A n’y changera rien, ou presque ». On peut être d’un optimisme forcené, l’économie a certains principes de réalité.