Electricité : Qui sont les gagnants et perdants des nouveaux tarifs ?
Après une succession de hausse ces dernières années, le tarif réglementé de l’électricité va baisser de 15 % en moyenne ce samedi 1er février. Mais pas pour tout le monde. Qui sont les gagnants et les perdants ? 20 Minutes fait le point.
Les gagnants
La facture baissera de 15 % pour 20,4 millions d’abonnés au « tarif Bleu » d’EDF, auxquels s’ajoutent les 4 millions d’abonnés en offre de marché indexée sur ce tarif réglementé de vente (TRV). Le fournisseur historique EDF indique qu’il appliquera la baisse sur les mensualités de tous ses clients mensualisés « dès le mois de mars et au plus tard à l’été ». Sur la facture globale, le prix de l’électricité au kilowattheure passera de 28 à 24 centimes. Il s’agit d’une moyenne car l’ampleur de la baisse du prix dépend du type d’offre. En tarif « Base », la baisse sera ainsi de 14,5 %.
Les abonnés en heures creuses/heures pleines bénéficieront eux d’une baisse de 16 %, soit une économie annuelle de 651 euros pour une maison de 4 personnes en cuisson-chauffage-eau chaude. En revanche, elle se limite à 2 % pour les abonnés en option Tempo (qui propose des tarifs réduits en échange d’une baisse de consommation certains jours), une offre déjà 30 % inférieure au tarif « base ».
Sylvain le Falher, fondateur du comparateur Hello Watt, a néanmoins rappelé au Parisien que ces nouveaux tarifs ne « suffiront toutefois pas à rattraper les niveaux d’avant-crise ». « Depuis l’ouverture des marchés en 2007, ces tarifs ont pratiquement été multipliés par deux », a-t-il pointé.
Les perdants
Les particuliers en offres de marchés vont pâtir de ces nouveaux tarifs. En effet, si la baisse du prix de l’électricité est possible, c’est grâce au fort repli des cours de l’électricité sur les marchés. Cette composante permet d’amortir deux fortes augmentations prévues au 1er février : une hausse d’environ 50 % de la taxe gouvernementale sur l’électricité (accise), actant la fin du bouclier tarifaire mis en place pendant la crise énergétique, et une hausse de 12,9 % de la part acheminement et distribution de l’électricité (Turpe).
Les revalorisations de l’accise et du « Turpe » vont donc peser sur les 10 millions de particuliers en offres de marchés. L’augmentation de l’accise concerne tous les clients, en tarif réglementé ou non, et celle du « Turpe » sera appliquée « pour la très grande majorité des contrats » en offres de marchés, selon le Médiateur national de l’énergie, autorité publique indépendante.
Ces clients qui ont déjà bénéficié depuis plus d’un an de la baisse des prix de gros avec des offres jusqu’à 30 % inférieures au TRV, devraient ainsi voir leur avantage se réduire.
Un conseil ? « Comparer les offres »
Mais comme « les fournisseurs ont toujours tendance à se caler sur le TRV », une boussole pour le marché, le Médiateur de l’énergie s’attend à voir les fournisseurs « remettre à plat leurs offres » pour rester compétitifs. Autrement dit, la baisse des TRV rebat les cartes de ce marché très concurrentiel. Comme le note Le Parisien, en 2024, certaines offres proposaient des tarifs jusqu’à 23 % en dessous du TRV, un écart qui pourrait tomber à 10 % avec cette baisse du prix de l’électricité.
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Pour le fondateur de Hello Watt, ces mouvements tarifaires pourraient encourager les fournisseurs à ajuster leurs politiques commerciales pour « demeurer dans la course ». Conformément à ses conditions de vente, TotalEnergies appliquera la hausse du Turpe à ses contrats à prix fixes souscrits après le 1er février. « Nous resterons avec des offres qui seront plus compétitives que les tarifs réglementés », a assuré Franck Schmiedt, directeur général Electricité & Gaz. Engie continuera de son côté de proposer en février « une promotion de 100 euros qui amène » son offre de marché à prix fixe 1 an « sous le tarif réglementé ».
« Comme toujours, on dit aux clients de comparer les offres », a ainsi recommandé Emmanuelle Wargon, la présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Même conseil de la part de Sylvain le Falher qui rappelle : « D’autant qu’il est aujourd’hui très simple de changer de fournisseur. L’opération se fait en quelques clics. »