Lens, Marseille, Grand Palais… Et si « La Joconde » quittait le Louvre parisien ?
Ça peut faire sourire. Mardi, Emmanuel Macron a annoncé que La Joconde sera déplacée, à compter de 2031, dans un nouvel « espace particulier » du Louvre, dans le but de la protéger et d’attirer toujours plus de visiteurs. Mais l’œuvre iconique de Leonard De Vinci, réclamée notamment par l’Italie, ne pourrait-elle pas aller à la rencontre des Français, au nom de la décentralisation ? Des musées et autres espaces culturelles à travers le territoire pourraient accueillir la belle au sourire énigmatique. 20 Minutes tente de la déplacer.
Voyages, voyages
Tout d’abord, sans refaire toute la longue histoire du tableau, La Joconde a déjà fait quelques escapades loin de la capitale française ces dernières décennies. Ainsi, entre décembre 1962 au mars 1963, l’œuvre a été prêtée à Washington et à New York, à la demande du président des Etats-Unis John Fitzgerald Kennedy, et de son épouse, Jackie.
André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles de la France, avait fait le voyage en Amérique avec La Joconde sous le bras, rangée tout de même dans une caisse en bois et en aluminium. Le dernier déplacement du joyau pictural date de 1974, année où l’Élysée avait autorisé un voyage au Japon, avec un passage par l’URSS. Depuis, rien d’autre que Paris pour Mona Lisa.
Et pour cause. Cette peinture sur bois de peuplier, qui date des années 1515, est très fragile. Son panneau de bois est bombé et présente une fente importante visible au dos côté gauche.
Au nord, c’étaient les corons
Pour autant, La Joconde qui quitte la capitale, Lens en a rêvé. Pour la petite histoire, le Louvre-Lens, troisième musée le plus fréquenté l’an passé en France, avait pu bénéficier, pour son ouverture en 2012, au prêt de La Liberté guidant le peuple, d’Eugène Delacroix. Six ans plus tard, en 2018, les supporteurs du club de foot du RC Lens avaient même déployé, en tribunes au stade Bollaert, une immense bâche représentant Mona Lisa et réclamant sa venue au sein de leur antenne locale.
Mais outre son état, c’est la sécurité qui est en jeu pour La Joconde. Lors du passage de La liberté guidant le peuple à Lens, une femme avait été interpellée après avoir tagué l’œuvre à l’encre indélébile… La toile, aujourd’hui au Louvre à Paris, avait pu être restaurée.
« La Joconde », c’est Marseille bébé ?
Le Mucem de Marseille, et son 1,3 million de visiteurs en 2023, verrait d’un bon œil la venue, même pour quelques mois, de Mona Lisa. L’œuvre de l’artiste italien De Vinci aurait toute sa place au Mucem, qui n’est autre que le Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée. Entre mars et août 2022, la cité phocéenne avait proposé au public une grande exposition immersive au Palais de la Bourse.
Mais là encore, outre la fragilité du tableau et sa sécurité, c’est le coût de déplacement qui représente un handicap. D’après une expertise du musée du Louvre, relayée par Le Parisien en 2018, un prêt de trois mois en province du chef-d’œuvre de Leonardo de Vinci coûterait entre 30 et 35 millions d’euros. Un coût qui comprend notamment un contrat d’assurance, évalué à 2 millions d’euros.
A deux pas, il y a le Grand Palais…
En prenant en compte cette donnée pécuniaire, restons alors à Paris, mais hors du Louvre. A quelques encablures du gigantesque musée se trouve le Grand Palais. Un cadre majestueux qui a l’avantage d’avoir été rénové avant les Jeux olympiques de Paris 2024, pour un coût estimé à 466 millions d’euros. Il offre, qui plus est, des conditions d’accueil optimales. Mais là encore, les non-Parisiens n’auraient pas un accès facilité pour voir La Joconde.
A défaut de mieux donc, l’œuvre sera déplacée dans un nouvel « espace particulier » du Louvre, dès 2031, « accessible de manière autonome par rapport au reste du musée et doté pour cette raison d’un titre d’accès propre », a précisé, mardi, Emmanuel Macron. En espérant ne plus se marcher dessus pour contempler l’énigmatique sourire de Mona Lisa.