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L’Algérie exige de la France de décontaminer le Sahara des déchets nucléaires

Le Sénat algérien a voté une loi demandant à la France d’ »assumer pleinement ses responsabilités » dans « l’élimination des déchets radioactifs » après des essais nucléaires réalisés au Sahara dans les années 1960.

Alger réactive un traditionnel sujet de contentieux avec Paris. Le Conseil de la nation algérien, équivalent du Sénat, a voté jeudi dernier un texte reconnaissant la « responsabilité » de la France dans le nettoyage des déchets résultants des essais nucléaires menés au Sahara pendant la période coloniale.

La France « doit assumer pleinement ses responsabilités historiques, morales et juridiques dans l’élimination de ces déchets radioactifs et reconnaître l’énorme préjudice qu’il a causé à notre pays et aux populations d’Adrar, de Reggane, d’In Ekker et d’autres régions », a indiqué Nadjiba Djilali, ministre algérienne de l’environnement et de la Qualité de la vie, après l’adoption de la loi.

« Un message à faire entendre au-delà de nos frontières »

Entre 1960 et 1977, la France a réalisé 17 essais nucléaires dans le Sahara algérien. Des documents déclassifiés en 2014 révélaient des retombées radioactives encore importantes, s’étendant jusqu’au sud de l’Europe. L’observatoire des armements estime à plusieurs milliers le nombre de personnes qui ont été et continuent d’être exposées aux radiations.

« Que notre position soit claire et fasse l’objet d’un message à faire entendre au-delà de nos frontières », a martelé Salah Goudjil, président du Conseil de la nation, selon des propos relatés par Le Point. Il a également précisé que ce texte de loi ne dispose pas de textes d’application précisant les démarches visant à exiger de Paris le nettoyage de ces anciens sites.

Cette demande de l’Algérie n’est, en réalité, pas nouvelle. « Vous êtes devenus une puissance nucléaire et vous nous avez laissé des maladies », avait fustigé le président Abdelmadjid Tebboune fin décembre. « Venez nettoyer, nous n’avons que faire de votre argent. Je ne laisserai pas tomber la mémoire, je ne demande rien, ni euro ni dollars, mais la dignité de nos ancêtres et de nos citoyens. »