OL : Avant Pierre Sage, quels étaient les changements d’entraîneurs les plus scandaleux dans l’histoire de notre L1 ?
Et subitement, l’effet « Stone Wise » a disparu. Déjà très critiqué à Lyon pour sa gestion économique et sportive, John Textor s’est attiré les foudres des supporteurs et anciens joueurs du club, après avoir officialisé ce mardi l’éviction de Pierre Sage. Oui oui, l’homme ayant amené l’OL d’une relégation annoncée en Ligue 2 en Ligue Europa il y a moins d’un an. Malgré une 6e place convenable en championnat (à 3 points de la zone Ligue des champions) et une qualification quasiment bouclée pour les 8es de finale de la Ligue Europa, l’ancien directeur du centre de formation de l’OL a payé le prix fort à un mois de janvier raté et à la présence sur le marché des coachs de Paulo Fonseca, désiré par le propriétaire américain.
Une décision impitoyable qui a pu rappeler la mise à l’écart de Thomas Tuchel à Chelsea en septembre 2022 ou celle de Julian Nagelsmann au Bayern Munich en mars 2023. Mais dans notre bonne vieille Ligue 1, avait-on déjà eu droit à un changement de coach aussi incompréhensible/unanimement contesté ? 20 Minutes a songé à quelques cas de figure récents pouvant s’en approcher, comme Niko Kovac à Monaco (décembre 2021), Bruno Irlès à Troyes (novembre 2022), Philippe Montanier à Toulouse (juin 2023), Pierre Aristouy à Nantes (novembre 2023), ou encore Will Still à Reims (mai 2024). Mais cinq exemples ont encore davantage retenu notre attention.
OM 1990 : Gili lâché leader pour installer Beckenbauer
On sait, on est remonté très loin pour ce premier exemple, mais il nous fallait bien une touche de Bernard Tapie pour ce sujet. Imaginez ce qu’a dû vivre Gérard Gili : il sortait d’un doublé Coupe-championnat en 1989 et il caracolait en tête de la D1 avec l’Olympique de Marseille après neuf journées dans cette nouvelle saison. Et là, en septembre 1990, « Nanard » a appuyé sans hésitation sur le bouton pour réaliser l’un de ses rêves de longue date : installer le légendaire Franz Beckenbauer sur le banc de l’OM.
Le moyen idéal selon lui d’être davantage « respecté » par l’UEFA, après la fameuse élimination en demi-finales de C1 contre le Benfica, avec cette main de Vata en souvenir indélébile. Un pari casse-gueule perdu, car le sélectionneur champion du monde avec l’Allemagne en Italie la même année n’a pas eu le temps de s’adapter aux méthodes Tapie. Dès janvier 1991, le président olympien l’a remplacé par Raymond Goethals, en glissant : « Quand je le voyais diriger mon équipe, je devenais fou… Et qui avait les couilles de virer le champion du monde au bout de quelques mois si ce n’est pas moi ? ». Du « Nanard » pur jus.

PSG 2011 : Kombouaré remplacé alors qu’il était en tête en Ligue 1
Un titre honorifique de champion d’automne en Ligue 1 (avec 3 points d’avance sur Montpellier), et une éviction dès le jour suivant, le 22 décembre. Oui, Antoine Kombouaré est un client très costaud pour challenger Pierre Sage, surtout en apprenant son départ trois jours avant Noël. Après, même si sa première moitié de saison à 40 points reste costaude, il semblait presque évident que Qatar Sports Investment (QSI) chercherait à installer un premier coach, six mois après son rachat du club. Surtout que « Casque d’or » avait à la fois été éliminé en Ligue Europa (en phase de groupe) et en Coupe de la Ligue (en 8e de finale à Dijon).
L’opportunité de faire venir alors un entraîneur aussi référencé que Carlo Ancelotti s’entend. Reste que cette décision, alors souhaitée par le directeur sportif Leonardo, ne s’est pas immédiatement accompagnée de succès. Malgré les recrutements l’été précédent de Javier Pastore, Thiago Motta, Jérémy Ménez et Blaise Matuidi, le PSG va avec Ancelotti à la fois se faire doubler par de bluffants Montpelliérains (82 points contre 79) et se faire sortir en quart de finale de la Coupe de France (1-3 contre l’OL), concluant sa première saison version qatarie sans titre. Avant de remporter 10 des 12 sacres suivants en Ligue 1.
Monaco 2018 : Jardim viré… puis repris après le fiasco Henry !
Voir un entraîneur champion de France un an plus tôt être remplacé par un coach quasiment novice est forcément une bizarrerie. C’est ce qui était arrivé à Leonardo Jardim en octobre 2018. Après avoir su détrôner le PSG en Ligue 1 au printemps 2017 avec une équipe ayant régalé tout le monde (Bernardo Silva, Radamel Falcao et Kylian Mbappé en tête), mais aussi atteint le dernier carré de la Ligue des champions (demie perdue contre la Juve), l’entraîneur portugais avait tout de même attrapé une deuxième place en championnat la saison suivante, malgré les départs de Benjamin Mendy, Tiémoué Bakayako, Bernardo Silva et Kylian Mbappé.
De quoi adoucir la déception de la Ligue des champions cette saison-là, avec une dernière place (2 points pris sur 18) dans une poule pourtant abordable, face à Besiktas, Porto et Leipzig. Le début de saison 2018-2019, avec une 18e place après 9 journées de Ligue 1 a donc été fatal à Leo Jardim. Une éviction dure au vu de ses quatre années pleines à l’ASM et du sacre inespéré en Ligue 1 mais compréhensible au vu de la dynamique très négative sur le Rocher alors. Sauf que son successeur, Thierry Henry, va vivre un calvaire jusqu’à fin janvier 2019, poussant les dirigeants monégasques… à faire revenir Jardim pour (poussivement) sauver la maison (de 19e à 17e) ! Avant d’être de nouveau limogé fin 2019, cette fois-ci sans laisser de regrets aux supporteurs.
PSG 2020 : Tuchel évincé… et champion d’Europe cinq mois plus tard
Oui, on peut être viré après un éclatant succès 4-0 (contre Strasbourg en Ligue 1). Le PSG et Nasser Al-Khelaïfi avaient ainsi tranché de manière étrange le sort de Thomas Tuchel un 24 décembre (et oui, on se rapproche encore un peu de Noël par rapport à Kombouaré neuf ans plus tôt). Alors que son contrat courait jusqu’en juin 2021, et que Paris venait d’atteindre la seule finale de Ligue des champions dans son histoire avec lui (0-1 face au Bayern), le grand changement a été activé.
Injuste pour de nombreux suiveurs, d’autant plus que le PSG avait remporté sa poule de Ligue des champions et qu’il restait totalement dans la course en Ligue 1 (3e à un point de l’OL et du Losc). Pas illogique pour d’autres, au vu des tensions évidentes entre le technicien allemand et sa direction, et de la montée en puissance de certaines compos WTF. Il n’empêche que le karma est coquin, puisque Lille va chiper le titre en Ligue 1 à un PSG bien pâlichon avec Mauricio Pochettino, tandis que Thomas Tuchel va prendre une revanche éclatante en remportant sa première Ligue des champions avec Chelsea, cinq mois après son limogeage à Paris.
Rennes 2021 : Julien Stéphan, la Coupe est pleine
Tout comme pour Leonardo Jardim à Monaco, il était rude de tourner la page Julien Stéphan au Stade Rennais puisque celui-ci avait offert au club breton la Coupe de France 2019 face au PSG. Il s’agissait seulement du troisième titre dans l’histoire rennaise, et la belle aventure juste avant en Ligue Europa (élimination contre Arsenal en 8es de finale) avait elle aussi un sacré crédit au fiston de Guy Stéphan.
Notre dossier sur la Ligue 1
Mais malgré une qualification ensuite en Ligue des champions obtenue en 2020 (3e en Ligue 1), l’ère Julien Stéphan n’a pas perduré aussi longtemps qu’imaginé par les supporteurs rennais. Neuvième en championnat lors de son remplacement par Bruno Genesio en mars 2021, le départ du technicien breton s’est accompagné d’une vague d’incompréhension. Comme pour Jardim, peu de supporteurs ont par contre regretté la fin de son deuxième passage sur le banc du Stade Rennais (de novembre 2023 à novembre 2024).