Ligue 1 : « Une décision incompréhensible »… Mais comment John Textor a-t-il pu limoger Pierre Sage à l’OL ?
Le speaker du Parc OL prendra-t-il le risque d’annoncer au micro jeudi le nom du nouvel entraîneur lyonnais, à 99 % Paulo Fonseca donc (si signature supersonique il y a), lors du dernier match de poule de Ligue Europa contre Ludogorets ? Si la direction de l’Olympique Lyonnais valide ce choix, la séquence d’avant-match devrait offrir à John Textor une plus claire idée quant à l’impopularité de son limogeage de Pierre Sage.
Dévoilée lundi soir par L’Equipe, et officialisée ce mardi matin par le club (« L’Olympique Lyonnais est contraint de dispenser d’activité son entraîneur Pierre Sage »…), cette décision survient après cinq matchs consécutifs sans victoire en janvier, dont une élimination historiquement honteuse en Coupe de France à Bourgoin-Jallieu (2-2, 4-2 aux tirs au but) et des résultats frustrants en Ligue 1 contre Brest (2-1), Toulouse (0-0) et Nantes (1-1) ? Mais elle a la particularité de faire l’unanimité auprès des supporteurs et ex-joueurs lyonnais, mais évidemment dans le mauvais sens.
Troisième meilleur bilan de victoires à l’OL au 21e siècle
Car si la mauvaise passe est indéniable, il s’agit du premier mois au bilan négatif depuis la prise de fonction surprise de Pierre Sage treize mois plus tôt. Et surtout, l’OL restait avant lui sur cinq entraîneurs consommés en quatre ans. Et aucun d’entre eux (Sylvinho, Rudi Garcia, Peter Bosz, Laurent Blanc et Fabio Grosso) n’était parvenu à offrir aux suiveurs du club à la fois un jeu attrayant, des résultats sur la durée (57,1 % de victoires, le 3e meilleur pourcentage à Lyon au 21e siècle derrière Gérard Houllier et Alain Perrin), des émotions et de la cohérence comme « Stone Wise » a pu le faire.
Sa communication honnête et lucide a également apporté dès décembre 2023 une sérénité inhabituelle à l’OL, au vu de la situation sportive désastreuse à son arrivée, avec un Lyon lanterne rouge en Ligue 1 et statistiquement condamné. Entre les galères des passages devant la DNCG, son effectif déséquilibré (huit joueurs offensifs de renom à faire cohabiter cet été) et étrangement perturbé à chaque période de mercato, mais aussi les piques médiatiques de son big boss à l’encontre de son système de jeu à Hoffenheim ou de sa non-utilisation d’un Wilfried Zaha (pourtant en bout de course), Pierre Sage a rarement été aidé par John Textor.
« Je n’ai plus les mots », peste Maxime Gonalons
Le propriétaire américain a certes été celui qui lui a donné la chance de sa vie, celle qu’il n’aurait probablement obtenue d’aucun autre président de Ligue 1, au vu de son profil de formateur sans la moindre expérience d’entraîneur principal dans le monde professionnel. Mais John Textor est aussi celui qui l’a fragilisé à l’apparition des premiers nuages, avant de l’évincer à la première mini-opportunité, en raison de son envie d’installer sur le banc l’ancien coach lillois Paulo Fonseca, sur le marché depuis un mois et son échec très rapide à l’AC Milan.
Conscient du danger entourant son entraîneur, le groupe de supporteurs des Lyon 1950 (virage sud) avait tenu à déployer une grande banderole « Pierre Sage, nous sommes avec toi », dimanche lors du match à Nantes. Il a suffi d’un but de Mostafa Mohamed à la dernière minute pour clore l’ère Pierre Sage à Lyon. Celle où les miracles étaient possibles, d’une relégation en Ligue 2 quasiment actée à une qualification en Ligue Europa et une finale de Coupe de France, celle où les cadres du vestiaire faisaient corps avec leur coach, et surtout celle où les supporteurs se sont réellement reconnectés avec leur club, pour la première fois dans de telles proportions depuis la saison 2014-2015 sous Hubert Fournier.
Notre dossier sur l’OL
Septuple champion de France avec l’OL, Grégory Coupet a spontanément regretté « une décision incompréhensible » sur son compte X, tandis que l’ancien capitaine lyonnais Maxime Gonalons s’est fendu d’un « Je n’ai plus les mots ». A trois jours d’une possible qualification directe en 8es de finale de Ligue Europa, et à six jours d’un choc à Marseille déterminant dans la course à la Ligue des champions (6e, l’OL n’est ainsi qu’à trois points de la zone C1), John Textor a pourtant choisi de tout faire exploser, envers et contre tous.