Code de la route : « Il ne maîtrisait pas des notions évidentes »… Les moniteurs d’auto-école confrontés à la fraude
De faux codes de la route délivrés en quelques clics contre de l’argent, des réponses soufflées par les examinateurs et des résultats trafiqués. Depuis une dizaine d’années, rien n’est trop sûr concernant la véracité du code de la route passé et validé pour certains candidats au permis de conduire. Selon le Syndicat national des inspecteurs, cadres et administratifs du permis de conduire, 40 % des attestations du Code de la route seraient frauduleuses.
« Ces fraudes massives ont été constatées lorsque l’examen est devenu privé », atteste sur Sud Radio Patrice Bessone, président du syndicat professionnel CNAP Education routière. Effectivement, depuis 2016, le Code de la route peut se passer dans des établissements privés, comme La Poste. Seul problème, cette récente mesure est plus propice au trafic de fausses attestations. Comme le révèle Le Parisien dans un article publié dimanche, des centres d’examens en délivrent pour quelques centaines d’euros et en un temps record.
Une formule pas si gagnante
Si les gains de temps et d’argent semblent alléchants aux premiers abords, tout ne serait pas aussi simple. « Quelqu’un qui ne sait pas son code, ça se voit », insiste de son côté Patrick Mirouse, président de l’Ecole de conduite française au micro de RMC ce lundi. Selon lui, il serait « impossible » pour un candidat d’obtenir l’examen du permis de conduire sans avoir préalablement réussi celui du code.
De leur côté les moniteurs ne sont pas aussi radicaux. « Les fraudeurs apprennent sur le tas, lors des heures de conduite, mais ils perdent du temps », souligne auprès de 20 Minutes Sébastien*, moniteur dans une auto-école du 18e arrondissement de Paris. Une vision partagée par Sophie et Stéphane Tartron, responsables d’une auto-moto école dans l’Oise : « Les candidats concernés pensent gagner du temps en s’affranchissant de l’examen théorique mais ils en perdent, car nous devons retravailler le Code de la route en voiture. » Et donc, cumuler le nombre d’heures de pratique.
Manque de preuves
Pourtant les professionnels de la route sont unanimes, dans leur position il est quasiment impossible de prouver l’illégalité d’un code. « Nous n’avons jamais réellement de preuves, juste des suspicions », évoque Sophie Tartron. Son mari se souvient d’un candidat au permis moto dont les connaissances du Code de la route étaient assez limitées. « Il y avait des notions évidentes qu’il ne maîtrisait pas », mais le candidat étant un cas isolé, « rien ne pouvait nous permettre d’assurer qu’il s’agissait d’un fraudeur ». Dans sa commune de 10.000 habitants, Stéphane Tartron affirme n’avoir aucune preuve de cette augmentation du taux de fraude pointée du doigt par les syndicats mais soulève l’hypothèse des zones géographiques.
A Paris, en effet, Sébastien a déjà été confronté à plusieurs tricheurs. Là encore, impossible de mettre la main sur les candidats concernés pendant les leçons de conduite, « c’est une fois devant l’examinateur » que certains de ces candidats sont pris la main dans le sac.
Notre dossier permis de conduire
En 2024, 7.000 examens du Code de la route ont été annulés et 83 centres agrées ont été fermés pour cause de fraude.
*Le prénom a été modifié