France

« C’est catastrophique »… En Ille-et-Vilaine, l’inquiétude monte aussi vite que l’eau de la Vilaine

Le village est coupé en deux. A Pont-Réan, les habitants sont depuis ce week-end séparés en deux. Mais de part et d’autre de la Vilaine, le constat est le même : des rues inondées, des maisons submergées et des habitants dépités. Ce charmant village séparé entre les communes de Bruz et de Guichen est depuis plusieurs jours noyé sous les eaux couleur marron de la Vilaine. Placé en vigilance orange ce week-end, le département d’Ille-et-Vilaine a été relevé au niveau rouge (le plus haut) aux crues et inondations ce lundi. « La situation est catastrophique et elle n’est pas près de s’améliorer. Je ne vous le cache pas, je suis très inquiet. C’est dantesque. Les terrains sont gorgés d’eau et ça déborde de partout ».

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Les traits marqués, le maire de Guichen Dominique Delamare tente de faire le tour de sa commune pour s’assurer que tous ses habitants vont bien. L’élu a dû fermer les deux écoles, encerclées par les eaux du fleuve en crue. « On a aussi des commerces touchés. La boulangerie est lourdement touchée, on a un restaurant aussi », poursuit le maire.

« J’ai peur qu’on dépasse les cinq mètres »

Dans le village, tous les habitants qui n’ont pas la chance d’habiter sur les hauteurs scrutent avec angoisse le niveau du cours d’eau. En ce lundi matin, tous savent que la crue va se poursuivre. Alors que le niveau de la Vilaine était de 4,42 mètres au lever du jour, il devrait monter à 4,72 au moins mardi matin. Lessivée par les pluies successives, la métropole de Rennes est noyée.

A Guichen, tous les habitants savent que la crue va se poursuivre dans les prochaines heures.
A Guichen, tous les habitants savent que la crue va se poursuivre dans les prochaines heures.  - C. Allain / 20 Minutes

A Guichen, des dizaines de maisons ont été inondées. Mais la commune n’est pas la seule. A Noyal-Châtillon-sur-Seiche, à Rennes, à Vern-sur-Seiche, à Bruz ou à Betton, tout le monde est sous l’eau. « J’ai peur qu’on dépasse les cinq mètres », souffle le maire de Guichen. Le pic est attendu pour mardi midi et ici tout le monde sait que la crue décennale de 2001 sera battue. « Je me suis levé plusieurs fois cette nuit pour voir comment ça évoluait. Depuis ce matin, ça ne fait que monter », témoigne Vincent, habitant de Pont-Réan. Le Breton s’attend à devoir évacuer sa maison cette nuit. En face de chez lui, l’école privée patauge et devrait rester fermée pour plusieurs jours.

« Tout tombe à l’eau »

Christian n’a pas pu rentrer dans la maison qu’il devait mettre en location. Autour de la bâtisse, 50 centimètres d’eau viennent chatouiller les murs, s’infiltrant sous les portes malgré les parpaings et les bastaings. « Je venais de refaire toutes les peintures, la cuisine, la chaudière. Tout tombe à l’eau », glisse le retraité sans plaisanter. A l’intérieur des maisons vidées de leurs habitants, on aperçoit les meubles posés sur parpaings. Des livres ont été entassés sur une grande table de salon. « Dimanche, on a livré pas loin de 2.000 parpaings. Les équipes techniques sont mobilisées. Tout le monde fait son maximum », assure Dominique Delamarre.

Un peu plus loin, Jean-Michel regarde l’ancien restaurant qu’il a racheté pour y aménager une colocation. « Toute la cave est inondée. Les locataires sont tranquilles, ils sont à l’étage. Mais ils n’ont plus de chauffage ni d’eau chaude car j’ai dû couper la chaudière », explique le propriétaire de l’immeuble appelé… « Au fil de l’eau ».

Pas de décrue avant mardi ou mercredi

Dans le village de Pont-Réan, tout le monde s’active pour tenter de barrer la route de l’eau et l’empêcher de s’infiltrer partout. « On s’entraide. La nuit dernière, j’ai dormi chez mon amie au-dessus », témoigne Angie, qui habite ici depuis douze ans. « Je n’avais jamais vu ça », explique cette habitante d’un petit appartement au rez-de-chaussée.

Derrière elle, on entend le bruit des pompes qui tentent d’éponger la flotte dans les garages. « Mais pour la mettre où ? Il y a de l’eau partout, tout déborde », déplore une habitante du bourg, les pieds dans l’eau. Les dégâts sont encore minimes dans sa maison, mais elle sait déjà qu’il y en aura. « Vous avez vu ce qui tombe ? Ça n’arrête pas de monter. On voulait vendre la maison, je suis dépitée ».

Aucune amélioration n’était envisagée avant jeudi, des pluies diluviennes continuant de s’abattre sur le département. Ici, tout le monde sait que la décrue prendra des jours, voire des semaines. Le temps de boucler cet article, le record de 2001 était battu. Et ce n’est pas fini.