Les pédagogies actives sont-elles efficaces ? “Oui, nous travaillons sur des compétences plus ouvertes, moins scolaires”
Certains parents ayant opté pour une école à pédagogie active pour leur enfant changent d’avis en cours de cursus ou le réintègrent dans le traditionnel à partir de la première secondaire. Que penser de ces méthodes pédagogiques qui entendent rendre l’enfant acteur de ses apprentissages ? « La Libre » a interrogé trois personnes de terrain, parmi lesquelles Sophie Lamote, institutrice à l’École fondamentale Singelijn de Woluwe-Saint-Lambert.
- Publié le 27-01-2025 à 10h26
- Mis à jour le 27-01-2025 à 10h33
Elle a expérimenté les deux pédagogies, traditionnelle et active. Sophie Lamote, institutrice à l’École fondamentale Singelijn de Woluwe-Saint-Lambert, est donc bien placée pour porter un regard éclairé sur le sujet.
Quelle est la philosophie de votre école « à pédagogie active » ?
Notre directeur est un fervent défenseur de la méthode Decroly. Quand il est arrivé à Singelijn, nous, qui avions précédemment appliqué la méthode traditionnelle, avons conservé notre structure et une certaine manière de penser. Au fil des années, et en concertation avec lui, une ouverture s’est faite et nous avons défini une pédagogie alternative, soit un peu de méthode Freinet tout en se référant aux quatre centres d’intérêt en pédagogie Decroly : donner du sens à nos apprentissages, mettre l’enfant au cœur de ceux-ci, vivre en société et, enfin, travailler en collaboration. Notre centre d’apprentissage, c’est le projet. C’est la mise en pratique des choses. On part de l’expérimentation, on se pose sur la matière pour aller chercher les apprentissages, là où la pédagogie traditionnelle va parler de la matière, puis « l’exerciser ».
Des parents, qui ont opté pour la pédagogie active, redoutent parfois en cours de cursus que leur enfant n’ait pas acquis certaines compétences de base. Cette crainte est-elle légitime ?
Oui, elle est légitime. L’école idéale n’existe pas. Chaque enfant a des besoins propres à lui-même. Certains vont se sentir plus à l’aise dans une pédagogie traditionnelle où on leur montre une méthode qu’ils vont répéter, tandis que d’autres préféreront une pédagogie active où ils vont devoir chercher, expérimenter, cogiter. Souvent, j’observe que la crainte des parents par rapport aux acquis se présente vers la cinquième ou sixième primaire. Ils réclament alors des devoirs pour leur enfant.
Pour notre part, nous travaillons sur des compétences plus ouvertes, moins scolaires. Un exemple parmi d’autres : les enfants qui quittent notre école sont généralement hyper réputés pour leur aisance à parler en public et pour leur créativité. Depuis leur plus jeune âge, ils participent à des « causeries », réalisent des « cartes mentales » et apprennent à chercher, à synthétiser l’info et à choisir le bon mot-clé qu’on pourrait lui associer. A contrario, la pédagogie traditionnelle va plus loin dans tout ce qui est exercisation, par exemple en calcul mental.
Un enfant qui sort d’une école à pédagogie active est-il plus épanoui qu’un enfant qui sort du traditionnel ?
Quand ils sortent de Singelijn, les enfants sont bien dans leurs baskets. Il y a indéniablement ce côté épanouissant. Moi-même, j’y ai mis mes enfants. Lorsque nous sommes passés du traditionnel à la pédagogie active, je me suis rendu compte à quel point nous proposions à nos élèves des choses passionnantes. Je désirais que mes enfants puissent également en bénéficier. La pédagogie active parvient à établir chez nos élèves une forme d’estime de soi.
⇒ La suite de notre dossier est à lire ici.