Youssoupha, le retour du philosophe du rap français
«Youssoupha ne rappe pas, il enseigne » Sur les réseaux sociaux, la génération Z voit en lui bien plus qu’un rappeur : philosophe, sage, parolier, enseignant… Les qualificatifs ne manquent pas. À l’occasion de la sortie de son nouvel album, « Amour suprême », le 25 janvier, l’artiste nous a confié son processus créatif et sa vision de ce projet tant attendu.
Un album taillé sur mesure
Désormais indépendant avec son propre label, Youssoupha revient avec un album qu’il décrit comme son projet le plus abouti. Inspiré par des figures comme Kanye West et Youssou N’Dour, cet opus mélange amapiano, gospel et rap new-yorkais underground. Il reflète son nouveau goût pour la musique d’Afrique de l’Ouest, tout en rendant hommage à ses racines sénégalaises et à la culture hip-hop qui l’a façonné. « Je voulais tout donner sur cet album. Je me suis beaucoup plus impliqué, j’ai écrit plus, produit plus, rien n’a été laissé au hasard. Ça a été un vrai défi », nous confie-t-il. Pour ce projet, Youssoupha a aussi tendu la main à la jeune génération en collaborant avec des talents émergents pour la production. Résultat : un album qui reflète une maturité artistique, mais aussi une ouverture sur l’avenir. « J’ai accepté de sortir cet album parce qu’il correspondait enfin à mes ambitions ».
Féministe à son insu
À l’aube de la sortie de son 7ᵉ album, un nouveau titre commence à lui coller à la peau : celui de féministe, un rôle qu’il peine à endosser. La raison ? Son dernier single « Dieu est grande », présent dans l’album, est devenu viral grâce à un message fort adressé à sa fille. Ce titre a profondément touché de nombreuses auditrices, certaines affirmant avoir rêvé d’entendre de tels mots de la part de leur père. Avec plus de 10.000 vidéos TikTok créées autour de ce morceau, Youssoupha reçoit même des remerciements pour être l’un des rares rappeurs francophones à se démarquer par des textes qui valorisent la femme. Mais l’artiste avoue lui-même être surpris et dépassé :
« Je ne suis pas féministe. Je suis juste un mec normal qui voulait transmettre un peu d’amour et d’attention à sa fille avec une chanson, » explique-t-il à 20 Minutes. Dans son texte, il adresse pourtant un message puissant et libérateur à sa fille :
« Eh, t’es pas obligée d’être une fille banale, t’es pas obligée d’être Michelle Obama. T’es pas obligée de vouloir être mère, t’es pas obligée de vouloir être reine. N’écoute pas les hommes, n’écoute pas les ordres, n’écoute pas les codes qui disent de la merde. Apprends encore à aimer ton corps, à aimer tes formes, à t’aimer toi-même. »
De l’amour qu’il porte à sa femme, à ses réflexions sur le monde, en passant par ses racines, « Amour suprême » dévoile une nouvelle facette de l’artiste. S’il finit par accepter le titre de philosophe qu’on lui attribue depuis des années, il pourrait lui falloir encore un peu de temps pour s’approprier celui de féministe. Mais une chose est sûre : Youssoupha continue d’inspirer, parfois même au-delà de ses attentes.