France

« High Potential » : On a regardé le remake américain de « HPI »

La tornade déferle sur LA ! Après son carton phénoménal en France, HPI s’est vendue dans plus d’une centaine de pays dans le monde. Les Américains ont quant à eux décidé d’en faire une adaptation locale, diffusée sur ABC et disponible sur Hulu depuis le 17 septembre. Ce remake débarque en France ce jeudi sur Disney+. Que se passe-t-il quand Hollywood tente de recréer la magie d’une série française qui cartonne ? 20 Minutes a vu le pilote (et spoiler alert, cela manque d’éclat). Explications.

Les ingrédients de la série française

Le remake américain, créé par Drew Goddard (Daredevil), reprend les ingrédients de la comédie policière française. « Je n’ai jamais vu ce genre de personnage nous emmener dans une enquête policière à la télévision », s’enthousiasme Todd Harthan, scénariste principal de la série. « Cela me rappelle en quelque sorte ce que j’aimais tant dans Dr House, je n’avais jamais vu un médecin comme ça avant, c’était un tel tour de force qu’il fallait regarder. »

La lilloise Morgane Alvaro, femme de ménage excentrique avec un QI de 160 campée par l’irrésistible Audrey Fleurot, devient sous le soleil californien Morgan Gilliroy, toujours mère célibataire de trois enfants, toujours aussi brillante, et toujours recrutée par la police pour ses capacités hors normes.

Une Morgan bien plus fade

Dans la version américaine, Morgan est interprétée par Kaitlin Olson, inoubliable « Sweet Dee » de la sitcom trop peu connue en France, It’s Always Sunny in Philadelphia, nommée aux Golden Globes à deux reprises pour ses apparitions dans Hacks.

On aime Morgane Alvaro parce qu’elle est excentrique, désordonnée et spontanée. Face à la rousse extravagante Morgane Alvaro, la blonde Morgan Gilliroy apparaît bien fade, posée et lisse. On partage la critique d’Audrey Fleurot sur le plateau de C à vous : « Ils ont gommé pas mal de folie, d’audace, et c’est ce que j’aime dans le personnage, elle déborde en permanence. »

Si les minijupes et autres motifs léopards sont toujours de mise, les tenues de Morgan Gilliroy sont bien plus sages que les looks improbables et outranciers (chinés sur Vinted par Audrey Fleurot pour plus d’authenticité) de Morgane Alvaro.

La misère serait-elle moins pénible sous le soleil californien ? « C’était important de sentir que derrière ce clown, il y a une vraie faille », racontait à 20 Minutes Audrey Fleurot lors du lancement de la série en France. La situation précaire de la femme de ménage (probablement la faute à des brushings impeccables) et sa fêlure affective semblent moins crédibles dans la version hollywoodienne.

Un Karadec trop souriant et insipide

Le succès de HPI en France repose aussi la dynamique entre le méticuleux flic Karadec et la bordélique Morgane. Un duo qui n’est d’ailleurs pas sans rappeler les buddy movies comme L’Arme Fatale.

Si Daniel Sunjata, connu pour sa participation dans Le Diable s’habille en Prada et les séries Grey’s Anatomy et Manifest, campe un Karadec américain (oui, ils ont conservé son nom breton) aussi barbu que dans la version française, l’alchimie entre Kaitlin Olson et ce dernier (qui sourit trop) ne fonctionne pas aussi bien que celle entre Audrey Fleurot et Mehdi Nebbou.

Du côté des personnages secondaires, seule Selena (Judy Reyes), la lieutenante de l’unité (l’équivalent de la commissaire Céline Hazan, joué par Marie Denarnaud) nous a convaincu. Il faut dire que dans ce pilote, les autres font tapisserie.

Un scénario presque calqué

Le mimétisme du pilote est frappant. Non seulement la violence du crime est soigneusement escamotée, divertissement familial oblige, mais l’intrigue française est aussi suivie quasiment à la lettre.

Plans et dialogues similaires, rebondissements identiques : la série américaine va jusqu’à utiliser la même bande-son pour la séquence d’ouverture, le titre Heavy Cross de Gossip ou la même musique ludique lorsque Morgan s’embarque dans un de ses raisonnements tarabiscotés pour faire progresser l’enquête. Tout est copié, mais en moins bien.

« Au fur et à mesure que nous avançons dans la série, mon instinct me dit qu’il y aura plus d’épisodes originaux qui n’emprunteront rien à la série française », promet Todd Harthan. « Nous voulons créer notre propre identité. »

Même si les Américains ne manquent pas d’enquêteurs hors du commun (que l’on pense à Monk par exemple), le « showrunner » vante les possibilités offertes par ce feuilleton « totalement atypique » et « plus sophistiqué » que les séries policières traditionnelles.

Un succès outre-Atlantique

Contrairement à la France, le concept de HPI reste largement méconnu aux Etats-Unis. Tout comme le reste du casting, Kaitlin Olson avoue qu’elle en ignorait l’existence : « Quand on m’en a parlé, je me suis dit : “Est-ce que c’est un truc français où l’on qualifie les gens d’intellectuels à haut potentiel ?”»

Aux Etats-Unis, High Potential a fait un tabac. « Ce succès démontre une nouvelle fois la dimension internationale de HPI, désormais diffusée sur plus de 105 territoires », s’est félicité TF1. Qu’en sera-t-il en France ? Si vous êtes fans de HPI, vous pouvez jouer au jeu des sept erreurs ou découvrir la talentueuse Kaitlin Olson dans It’s Always Sunny in Philadelphia, dont l’intégralité des saisons sont également disponibles sur Disney+.