France

Ce que nous apprend le compte du TikTokeur à qui Macron a répondu sur le paiement aux péages

«Qu’Allah me préserve de passer sur TPMP », souhaitait en mars 2024 le jeune TikTokeur (@S4iint) à qui Macron a répondu mercredi au sujet du paiement par téléphone sans contact aux péages. Il réagissait alors à la reprise par M6 et France 2 d’un de ses TikTok, dans lequel il qualifiait la chorégraphie des JO de Paris 2024 de « honte du siècle ». C’était sa première apparition télévisée.

Dix mois plus tard, le profil de ce vingtenaire d’origine yéménite aux parents athées, a-t-il pu expliquer par ailleurs, se retrouve malgré lui à l’affiche de l’émission de Cyril Hanouna, où son profil est jugé « dangereux ». Le Figaro dresse de lui un portrait anglé « sur ses obsessions islamistes », avec des « thématiques chères à l’islam des Frères musulmans ». Et Jordan Bardella d’y aller de son tweet, estimant qu’« Emmanuel Macron donne du crédit à l’un des dizaines d’influenceurs aux sympathies islamistes ». Le plus logique était donc de remonter le fil de ses vidéos pour en savoir plus.

« Ils veulent me faire passer pour un mec limite j’ai rejoint Daesh »

C’est sur TikTok, bien sûr, que S4iint a réagi auprès de ses 250.000 abonnés : « Ils veulent me faire passer pour un mec limite j’ai rejoint Daesh y’a pas longtemps […] Mes parents sont inquiets. Wesh. Ils se disent « Qu’est-ce qu’il se passe, mon fils parle à Macron, Jordan Bardella le traite d’islamiste, il passe sur toutes les chaînes ». Pour eux, il y a la BRI qui vient dans pas longtemps à 6 heures du matin ».

Il est vrai que les TikTok du jeune influenceur, vêtu habituellement d’un qamis ou d’un maillot de foot, parlent régulièrement d’islam, répètent son aversion pour la musique, qui « détourne de Dieu ». Dans certaines de ses nombreuses vidéos, il regrette pêle-mêle l’interdiction de l’abaya à l’école, défend le port du voile pour les femmes musulmanes. Aussi, dans une vidéo consultée par 20 Minutes et qui semble avoir été supprimée dans la matinée de vendredi, il développe une vision de sa religion peu soluble dans la République, où l’Etat n’a pas à « modifier l’islam » et à interférer dans la formation des imams ou le contenu de leurs prêches.

Un converti qui ne se cache pas

S’il peut donc faire preuve d’un relatif prosélytisme, ce TikTokeur s’attache aussi à défendre les libertés religieuses d’autres croyances, et ses vidéos sur l’islam semblent plutôt servir un discours visant à dénoncer « l’obsession islamophobe » teintée de racisme en France.

Et le jeune homme ne s’en cache pas : Il est un récent converti à l’islam, pratique qu’il dit avoir commencé pendant le confinement, et dans laquelle il explique avoir « trouvé la paix » : « J’étais une personne très très peu fréquentable, mais vraiment pas du tout. […] Je buvais, je fumais, j’étais même dans des choses pas très bien concernant l’argent, illicite […] Ce qui m’a valu de nombreux soucis avec mes parents, et même la justice. Ce n’était pas fou. Il y a un moment, j’ai cru, j’allais être en prison », raconte S4iint.

Dans ses deux vidéos consacrées à ce retour vers la religion, on y apprend qu’il a visiblement grandi dans Paris. Il aurait été scolarisé dans un collège privé catholique par ses parents athées, « assez compréhensifs » au sujet de sa reconversion, quoique « inquiets » qu’il se « fasse embrigader par des mauvaises personnes. Ce sont mes parents, ils s’inquiètent pour moi, ce qui en soit n’est pas mauvais » considérait-il.

S4iint a indiqué en décembre dernier vouloir s’installer en Egypte – pays des Frères musulmans – pour des raisons économiques et afin d’apprendre l’arabe, langue dont sa maîtrise se limite à la lecture des sourates. Il pourra continuer d’y gérer sa marque de vêtements au style urbain et aux tee-shirts et bonnets 100 % coton bio, baptisée Sp4ctral et dont il fait régulièrement la promotion sur ses réseaux. Mais ce vendredi, sa plateforme de vente était offline.