L’IA va-t-elle sortir les demandeurs d’emploi du chômage ?
La recherche d’emploi est remplie de tâches ingrates : éplucher des sites d’annonce, écrire lettre de motivation après lettre de motivation, tenir à jour un tableau des réponses des candidatures. Mais la technologie se porte au secours des demandeurs d’emploi. Plus de trois demandeurs d’emploi sur quatre ont déjà utilisé l’intelligence artificielle dans leur recherche, révèle une étude de l’observatoire de l’IA et de l’emploi.
Fondé par Diversidays, association d’égalités des chances dans la tech, et l’organisme de formation Konexio, en partenariat avec France Travail et le soutien de Google, cet observatoire a sondé plus de 5.000 demandeurs d’emploi. Un peu moins d’un sur deux (46 %) a jugé l’IA efficace dans leur processus. Outre la lettre de motivation, l’outil sert aussi à rechercher et classer des offres ou même simuler des entretiens.
« Un vrai gain de temps »
« J’utilise l’IA pour me préparer aux entretiens, explique par exemple Alice, 56 ans, demandeuse d’emploi dans le marketing et la stratégie d’entreprise. Je m’en sers pour collecter des données, connaître les enjeux de l’entreprise, les personnes, les éléments de langage à utiliser. » En relançant le robot conversationnel, elle assure obtenir des données difficiles à trouver par des recherches classiques, avec peu d’erreurs, et en tire « un vrai gain de temps ».
Tom, 26 ans, titulaire d’un double master culture-communication et tourisme, ne partage pas cet enthousiasme. « Je l’utilise un tout petit peu, mais je trouve ça un peu nul, rechigne-t-il. L’IA écrit souvent des phrases toutes faites, voire qui n’ont pas de sens. » Alice, elle, s’inquiète de l’intégration de la machine dans les processus de recrutement du côté des entreprises. « Cela empêche d’avoir accès à des humains, regrette-t-elle. Mes trente ans d’expérience à l’international ne se voient pas dans mon bac + 2. A cause de l’IA, je suis complètement zappé, comme d’autres profils atypiques. »
Attention aux fractures
L’humain n’a pas encore dit sont dernier mot. « Les demandeurs d’emploi notent que ça peut comporter un risque soit en générant des candidatures trop similaires les unes aux autres, soit en perdant le contact humain, souligne effectivement Anthony Babkine, cofondateur de Diversidays. Ça simplifie, ça aide, mais ça ne remplace pas. » De la même façon, « cela ne change pas le métier des associations ou de l’accompagnement de l’emploi, mais ça facilite, notamment sur des tâches ingrates comme corriger des CV ».
Tous nos articles Vie pro et emploi
Mais tous ne sont pas égaux face à l’IA. Si 61 % des Bac + 5 se sentent à l’aise pour s’informer sur les outils d’intelligence artificielle, seuls 34 % des titulaires d’un CAP ou BEP en disent autant. « On note quand même des écarts significatifs dans l’usage, et cela doit nous nous interroger, relève Anthony Babkine. Il reste quand même 22 % de personnes qui ne s’en servent pas. Il y a déjà une fracture numérique, attention à ne pas en créer une autre avec l’IA. » Il appelle les différentes associations et organismes de formation à « investir pour permettre aux personnes de monter en compétence ». En espérant que ce ne soit pas juste des robots qui parlent aux robots.