Pourquoi Eric Ciotti se passionne-t-il autant pour le président argentin Javier Milei (et sa tronçonneuse) ?
Une tronçonneuse en guise de programme. Eric Ciotti a présenté mardi ses mesures de coupes budgétaires dans la dépense publique. Le président de l’UDR (Union des droites pour la République), allié du RN, a dévoilé ses mesures « choc » lors d’un colloque réunissant des économistes de droite à Paris. Sans être présent physiquement, Javier Milei était pourtant la star de la soirée. Son slogan « afuera » (dehors !) s’affichait sur les tracts ou les affiches au côté de sa célèbre tronçonneuse. Mais pourquoi Eric Ciotti se passionne tant pour le président libéral-populiste argentin ?
Pour montrer l’influence de Javier Milei, les élus ciottistes n’ont pas hésité, ce mardi, à brandir tout sourire une tronçonneuse devant la presse comme l’ancien candidat argentin se plaisait à faire lors de sa campagne victorieuse à la présidentielle 2023. « C’est un clin d’œil bien représentatif de notre détermination à tailler dans les dépenses », sourit Christelle D’Intorni, députée UDR des Alpes-Maritimes. Le mouvement souhaite une baisse de 120 milliards d’euros en un an, pour créer une « libération de croissance de l’ordre de 4 % ».
Parmi les mesures évoquées : la création d’une nouvelle entité territoriale, la suppression de pas moins de 100.000 normes, la fin du Conseil économique, social et environnemental (Cese) ou la division par deux des budgets de l’Aide au développement et de l’audiovisuel public. « La méthode Milei a déjà fait ses preuves en Argentine », salue Charles Alloncle, député et porte-parole UDR. « A l’heure où tous les signaux économiques français sont au rouge, le redressement du pays ne se fera que par une importante réduction des dépenses publiques », ajoute-t-il.
Se démarquer du RN
Si la « potion » du président Milei a permis le retour à des excédents budgétaires sans précédents en Argentine depuis seize ans et une baisse de l’inflation, elle a aussi plongé le pays dans la récession et augmenté le chômage. La cure d’austérité vantée par Eric Ciotti n’est d’ailleurs pas vraiment la tasse de thé des alliés du Rassemblement national. Le programme présenté par le parti de Marine Le Pen aux dernières législatives augmenterait ainsi le déficit public de 71 milliards d’euros par an selon le libéral Institut Montaigne. Loin de la « tronçonneuse » de l’élu niçois, qui n’a d’ailleurs pas pris soin d’évoquer l’abrogation de la réforme des retraites souhaitée par ses alliés.
« On résume souvent le programme du RN à ça, mais sur le fond, on partage un certain nombre de constats », évacue Charles Alloncle, alors qu’Eric Ciotti défendait en 2022 une réforme des retraites… à 65 ans. Mais l’ex-patron des LR entend bien creuser son sillon entre son ancienne famille politique, actuellement au gouvernement, et l’imposant allié RN. « Sur le régalien, il n’y a pas de sujet. Alors c’est vrai qu’on se démarque sur certaines mesures économiques. C’est notre singularité, j’y vois plutôt de la complémentarité », dit Charles Alloncle. Contactés par 20 Minutes, plusieurs élus RN ont préféré esquiver le sujet.
Préparer les municipales à Nice
Eric Ciotti a certainement aussi une autre idée en tête : les élections à Nice en 2026 face au maire macroniste, et rival, Christian Estrosi. « Je travaille à proposer une alternative à la dégradation de ma ville, à l’augmentation des impôts. […] Je me prépare à l’échéance municipale », a reconnu l’intéressé sur Sud Radio ce mercredi. En se positionnant sur une ligne très libérale, malgré l’accord avec le RN, Eric Ciotti entend marquer des points sur l’électorat très à droite de la ville.
Nos articles sur Javier Milei
« Ce sera une bataille entre la fausse droite UMP-LR, qui gère la ville n’importe comment et nous. Les municipalités sont toujours de bons laboratoires de ce qu’on souhaite faire au niveau national », assure Charles Alloncle. Le président argentin, lui, n’est pas resté insensible aux déclarations d’amour d’Eric Ciotti. Il a plusieurs fois reposté des interviews du président de l’UDR (lorsqu’il disait du bien de sa politique) sur la plateforme X. Au plus grand bonheur d’Eric Ciotti et des siens.