Journée mondiale de solitudes : Un tiers des jeunes se sentent très, 12 % des Français vivent coupés du monde
A la veille de la Journée mondiale des solitudes, la Fondation de France dévoile sa 14e étude sur l’isolement en France. Cette enquête révèle une situation préoccupante : 12 % des Français de plus de 15 ans sont aujourd’hui sans aucun réseau de sociabilité, un chiffre en hausse par rapport à 2023. Cette forme d’isolement, définie par l’absence quasi totale de contacts sociaux, touche particulièrement les populations précaires, les ouvriers et les personnes au foyer.
L’isolement relationnel est loin d’être un simple chiffre. Derrière les statistiques se cachent des réalités complexes, notamment un lien étroit entre précarité économique et isolement social. Ainsi, 17 % des personnes à bas revenus sont isolées, contre seulement 7 % des foyers aisés. Cette fracture sociale s’accentue : en un an, l’écart entre ces deux groupes a augmenté de quatre points.
Une solitude croissante, surtout chez les jeunes actifs
Parmi les âges intermédiaires (40-59 ans), l’isolement est particulièrement visible. Cette période de vie, souvent marquée par des ruptures telles que divorces ou changements professionnels, mais aussi par l’accumulation des responsabilités (enfants à charge, parents vieillissants), constitue un terreau fertile pour l’isolement relationnel.
Si l’isolement relationnel reste stable, le sentiment de solitude ne cesse de croître. Un quart des Français se déclarent seuls, avec une intensité accrue chez les jeunes actifs âgés de 25 à 39 ans : plus d’un tiers d’entre eux (35 %) disent ressentir une solitude fréquente, soit deux fois plus que les 60-69 ans. Ce sentiment est exacerbé par des transitions de vie souvent difficiles, comme l’entrée dans la vie active, le chômage ou les séparations.
L’hiver et les fêtes : des périodes à haut risque
Les chômeurs et les travailleurs indépendants apparaissent particulièrement vulnérables. Quarante-quatre pour cent des personnes sans emploi et 32 % des indépendants, comme les artisans ou commerçants, se sentent régulièrement seuls. Ces chiffres témoignent des défis liés à des environnements de travail isolants ou à la perte de statut professionnel.
La solitude semble également rythmée par les saisons. En hiver, 38 % des Français se sentent seuls, contre 29 % en été. Les fêtes et les vacances amplifient ce mal-être, particulièrement chez les populations les plus fragiles économiquement. Plus de la moitié des chômeurs (52 %) et 45 % des personnes à faibles revenus éprouvent une solitude accrue durant ces périodes censées être festives.
La Fondation de France appelle à l’action
Pour les foyers monoparentaux, la solitude se fait surtout sentir durant les week-ends. Cinquante-trois pour cent des parents isolés disent vivre difficilement ces moments, contraints de privilégier leur présence auprès de leurs enfants au détriment de leur vie sociale.
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Face à ce constat alarmant, la Fondation de France intensifie ses actions pour retisser le lien social. Chaque année, elle soutient plus de 1.000 initiatives, qu’il s’agisse de lieux d’entraide, d’activités culturelles et sportives, ou encore de logements solidaires. L’objectif : offrir des solutions concrètes aux personnes isolées et combattre les racines profondes de l’isolement relationnel.