France

Les actes antisémites, en baisse, restent à un niveau « historique » en 2024

Pas de quoi se réjouir. Si les actes antisémites recensés en France en 2024 sont en baisse, ils restent à un niveau « historique ». Dans son rapport publié mercredi, le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) explique qu’ils sont passés de 1.676 en 2023 à 1.570 en 2024. L’organisation déplore que la thématique palestinienne ait servi de « puissant catalyseur ».

« Pour la deuxième année consécutive, nous faisons face à un nombre historique d’actes antisémites », explique le Crif dans ce rapport compilant des chiffres recensés par le Service de protection de la communauté juive et le ministère de l’Intérieur.

Une baisse de 6,3 % sur un an

Ces chiffres représentent certes une baisse de 6,3 % sur un an, mais l’année 2023 avait enregistré des niveaux records, avec une « explosion » après le 7 octobre 2023, date de l’attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.210 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur des données officielles.

En représailles, Israël a lancé une offensive dévastatrice dans la bande de Gaza assiégée, qui a fait au moins 47.107 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l’ONU, et a provoqué un désastre humanitaire. « Le 7 octobre a servi d’appel mondial lancé au passage à l’acte antisémite », affirme à l’AFP Yonathan Arfi, le président du Crif.

436 actes antisémites en 2022 et 1.570 en 2024

A titre de comparaison, 436 actes antisémites avaient été recensés en 2022 et depuis 2012 ils oscillaient entre 311 et 851 par an. Ces chiffres recouvrent uniquement les actes ayant fait l’objet d’une plainte, et donc « cela ne recoupe pas l’ensemble du phénomène de l’antisémitisme en France », ajoute Yonathan Arfi qui explique : « Malheureusement une bonne partie du phénomène ne donne pas lieu à des dépôts de plainte, notamment dans le monde scolaire ».

L’an dernier « certains actes ont été extrêmement violents », souligne le rapport, en rappelant la tentative d’incendie à la synagogue de La Grande-Motte en août, l’incendie de la synagogue de Rouen en mai et le viol d’une enfant juive de 12 ans mi-juin à Courbevoie, en banlieue parisienne.

Gestes menaçants et violences physiques

« L’une des particularités du phénomène est que 65 % de ces actes sont des atteintes aux personnes », résume Yonathan Arfi. Sur un total de 1.024, la majorité de ces atteintes aux personnes ont été des propos ou des gestes menaçants (652), et 106 ont consisté en des violences physiques. Les 546 atteintes aux biens ont quant à elles essentiellement été des inscriptions antisémites (432) et des dégradations (88).

Le rapport met aussi l’accent sur « la thématique de la Palestine et la rhétorique anti-israélienne » qui sont qualifiées de « catalyseurs d’actes antisémites et responsables d’un climat d’hostilité envers les Juifs ». Ainsi, 518 des actes recensés l’an dernier, soit plus de 30 %, ont fait « explicitement référence à la question de la Palestine », selon ce rapport.

Des violences dans le milieu scolaire

Enfin le Crif annonce 192 actes antisémites dans le milieu scolaire, soit 12 % du total recensé sur l’année. Ces chiffres sont inférieurs à ceux publiés par les ministères de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur car « la majorité des actes signalés par les établissements scolaires à leurs ministères respectifs ne font pas l’objet de plainte », ajoute le rapport.

Reste que « les élèves juifs représentent moins de 1 % des élèves, mais ils sont l’objet de près de 50 % des violences ou incidents » racistes et antisémites signalés par les établissements, souligne Yonathan Arfi.