Des « manifestations suspectes » inquiètent les parents d’élèves : Le Ministre de l’Éducation réagit
De manière inattendue, depuis le début de la semaine, des mouvements de protestation spontanés ont éclaté dans les établissements scolaires algériens, suscitant une vive inquiétude.
Des associations de parents d’élèves se sont mobilisées pour tenter de maîtriser ce qu’ils qualifient de « protestations suspectes et surprises » visant leurs enfants scolarisés. Ces derniers auraient été recrutés par des entités anonymes opérant sur Facebook pour faire valoir une liste de revendications en plein milieu de l’année scolaire.
Ces revendications, selon les parents, pourraient être traitées au sein même des établissements scolaires et des directions de l’éducation, et non dans la rue, un environnement dangereux pour des adolescents.
Des lycéens et collégiens ont manifesté dans plusieurs villes du pays pour réclamer une réduction de la charge de travail et d’autres améliorations du système éducatif. Cependant, les parents d’élèves estiment que ces mouvements sont orchestrés et que leurs enfants sont manipulés.
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Une nouvelle dimension s’est ajoutée à cette situation déjà tendue : un individu a diffusé une vidéo dans laquelle il incite explicitement les élèves à s’en prendre physiquement aux forces de l’ordre.
« Vous êtes grands et forts, vous pouvez le frapper, unissez-vous contre lui et frappez-le », lance-t-il, incitant les mineurs à des actes de violence. Cette vidéo, largement diffusée sur les réseaux sociaux, a renforcé les craintes des parents quant à une manipulation extérieure visant à radicaliser les jeunes.
« Mes enfants m’ont dit qu’il y avait des élèves plus âgés qui incitaient les autres à manifester, sous la menace », témoigne un père de famille dont l’enfant est scolarisé à Tipaza. « Ce sont des comportements inacceptables. »
Manifestations lycéennes : les parents d’élèves tirent la sonnette d’alarme
S’agissant de cette affaire, le président de l’association nationale des parents d’élèves, Ahmed Khaled, a déclaré au journal Echorouk que l’association désapprouve fermement la participation de mineurs à des manifestations « équivoques » visant à défendre des causes dont ils ne « saisissent pas pleinement la portée ».
Selon Khaled, ceci témoigne de la volonté de « certaines parties de fomenter le désordre social, en commençant par le milieu scolaire ». Le porte-parole a souligné que les associations de parents d’élèves ont un rôle crucial à jouer dans l’accompagnement et l’orientation des élèves, « à condition que les établissements scolaires nous ouvrent leurs portes pour organiser des réunions et des rencontres afin de prévenir tout débordement dans l’environnement scolaire.
Or, de nombreux chefs d’établissement ferment leurs portes aux associations de parents d’élèves en début et en fin d’année scolaire, puis nous imputent la responsabilité lorsque la situation leur échappe », a-t-il regretté.
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Ahmed Khaled a lancé un appel pressant aux familles, les invitant à redoubler de vigilance, à surveiller de près leurs enfants et à les accompagner dans les établissements scolaires pendant cette période, tout en les mettant en garde contre toute participation à des rassemblements ou des manifestations en dehors des salles de classe.
Les revendications des élèves, bien que légitimes, sont jugées opportunes par les associations de parents d’élèves. « Ces problèmes existent depuis longtemps, mais ils sont soudainement mis en avant de manière très organisée », s’étonne un parent.
Les autorités éducatives sont également appelées à réagir et à ouvrir un dialogue avec les élèves et leurs parents. « Il faut écouter les jeunes, mais il faut aussi leur expliquer que la violence n’est pas la solution », conclut un responsable associatif.
Le ministre de l’Éducation nie tout projet d’interdiction des cours particuliers
De son côté, le ministre de l’Éducation nationale, Mohamed Seghir Saâdaoui, a formellement démenti, hier mardi à Alger, toute intention d’interdire les cours particuliers. Il a souligné l’importance de préserver la concentration et la stabilité des élèves en cette période de l’année scolaire.
Lors d’une déclaration à la presse, Saâdaoui a affirmé que son ministère était soucieux de garantir un environnement scolaire serein, particulièrement en ce milieu de l’année : “Nous sommes en plein milieu de l’année scolaire, il est de notre devoir de préserver la tranquillité de nos enfants”.
Il a considéré les cours particuliers comme une « opportunité supplémentaire pour renforcer les acquis scolaires » des élèves, notamment pour ceux qui se préparent aux examens de fin d’année. Il a ajouté que tout projet visant à réglementer ces cours devrait être « participatif ».
Par ailleurs, le ministre a évoqué les efforts déployés par son département pour alléger les programmes scolaires et les matières enseignées, en adéquation avec le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune.
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Il a indiqué que le ministère avait procédé à la modernisation du Conseil national des programmes (CNP) et renforcé son efficacité, tout en constituant une commission nationale chargée d’élaborer un projet de « qualité de l’éducation » qui inclut la mise à jour des programmes et des méthodes d’enseignement.
Saâdaoui a assuré que les travaux étaient en cours pour actualiser les programmes scolaires, en commençant par le primaire, afin de couvrir tous les cycles d’enseignement.