France

NBA Paris Games : « Une cause nationale »… Nos jeunes talents ont fait le show devant de nombreux scouts américains

Au Palais des sports Marcel-Cerdan de Levallois,

La planète basket est tout de même fascinante : il est aussi aisé d’échanger en tête à tête sur le parquet pendant plusieurs minutes avec le joueur star de la soirée qu’impossible de réellement entrer en contact avec des spectateurs quasi-anonymes. En marge de ce premier Young Star Game de l’histoire du basket français, qui opposait mardi à Levallois 20 des plus grands talents tricolores âgés de 15 à 21 ans, le jeu commun dans le public était de tenter de repérer où se trouvaient les 27 scouts NBA présents.

Ce chiffre communiqué par la Ligue nationale de basket (LNB), avec 20 des 30 franchises US représentées au total, s’est accompagné pour 20 Minutes d’une bonne et d’une mauvaise nouvelle. Nous avons su repérer certains de ces recruteurs très attentifs au marché français, situés derrière le banc de la Team Rigaudeau victorieuse (87-75 contre la formation choisie par son ex-coéquipier chez les Bleus Moustapha Sonko). Mais ceux-ci ont adopté deux postures face à nos sollicitations, après ce match volontairement placé au plus près des deux NBA Paris Games (jeudi et samedi) entre les Spurs de Victor Wembanyama et les Indiana Pacers.

Quand le héros du soir a 15 ans et mesure 1,77 m

« Je n’ai pas du tout le droit de parler aux médias, c’est inscrit dans mon contrat à temps plein avec ma franchise NBA », nous indique l’un d’eux. Tandis que d’autres, sourire aux lèvres à peine masqué, tentent de nous assurer qu’il y a erreur, et qu’ils ne sont pas à cette rencontre de nos jeunes diamants (le logo de l’événement édité par la LNB) en tant que scouts. S’ils n’ont pas toujours bien accueilli quelques tentatives de alley-oops catas, avec le ballon finissant dans les gradins du Palais des sports Marcel-Cerdan, ceux-ci se sont subitement mis à échanger après un passage génial d’Aaron Towo-Nansi en deuxième quart-temps.

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Avec un caviar pour envoyer Jahel Trefle au dunk, puis deux flèches à trois points, le meneur de poche de 15 ans a entériné pour de bon son statut de chouchou de ce Young Star Game. Ce joueur fier de son « profil atypique », en raison de sa taille (1,77 m), a même bouclé son festival (12 points en 16 minutes) en sécurisant la victoire de son équipe grâce à un panier diabolique, avec cassage de reins sur Zacharie Perrin (20 ans et 2,08 m). Et bonus trashtalk avec la fameuse célébration « too small » en direction du Nancéien.

« Le petit Aaron, il a de la magie »

« Oui, j’ai un peu chambré Zach, il y avait à ce moment-là de l’euphorie, mais toujours dans la bienveillance », assure celui qui évolue cette saison dans le championnat Espoirs (U21 nationaux), et non pas en Betclic Elite. La nouvelle pépite de Cholet Basket, club référence de cette formation française reconnue, après avoir déjà placé sept joueurs en NBA depuis vingt ans, évoque avec lucidité sa belle soirée et son éclosion aux portes du monde professionnel.

« J’ai montré la meilleure version de moi-même ce soir, alors qu’il s’agissait de mon premier match contre des pros. Je n’ai pas forcément fait ça pour les scouts mais pour moi. Petit, la NBA était un rêve. Plus on avance et plus on se dit que ça peut être un objectif. Je n’ai pas ressenti de pression particulière et le show a été fait. Je ne sais pas du tout si des scouts viennent à mes matchs en Espoirs, je ne fais pas attention aux gens dans les tribunes. »

Le meneur de jeu, seul joueur de 15 ans sélectionné mardi avec le très prometteur Nathan Soliman (Insep, 7 points), s’est attiré les louanges de Vincent Collet après la rencontre. « Le petit Aaron, il a de la magie, des actions de classe et beaucoup de culot, apprécie le désormais ancien sélectionneur des Bleus, présent sur le banc de la Team Sonko pour l’occasion. Il a sonné la révolte de son équipe. »

Elu MVP de ce premier Young Star Game mardi soir, l'ailier fort du Mans Noah Penda (20 ans) pourrait, tout comme Nolan Traoré, prendre la direction de la NBA l'été prochain.
Elu MVP de ce premier Young Star Game mardi soir, l’ailier fort du Mans Noah Penda (20 ans) pourrait, tout comme Nolan Traoré, prendre la direction de la NBA l’été prochain.  - Westcoo / LNB

Du talent à revendre sur le parquet de Marcel-Cerdan

Outre le vainqueur de la dernière Coupe de France U17, il y avait du talent à revendre sur le parquet de Levallois mardi, entre les percussions de Mohamed Diawara (21 points, également à Cholet cette saison), la surpuissance de Zacharie Perrin (16 points) sur un poster dunk très « Top 10 compatible » sur le pauvre Cameron Houindo, et la polyvalence à toute épreuve du Manceau Noah Penda, logique MVP du match du haut de ses 20 piges (18 points, 7 passes décisives et 6 rebonds).

Sept mois après avoir assisté à la fin officielle de l’aventure des Mets, qui n’ont pas su digérer le départ du trio Wembanyama-Coulibaly-Collet à l’été 2023, ce Palais des sports Marcel-Cerdan a par instants vibré comme sur les exploits de « Wemby ». Immense tatouage « Sky is the limit » sur son bras droit, Zacharie Perrin résume l’enthousiasme général, devant 2.300 spectateurs.

« C’était un super événement, je remercie grandement la LNB d’avoir ajouté ça cette saison, glisse-t-il. Il y a un grand engouement sur Paris cette semaine entre les NBA Paris Games et le match PSG-Manchester City. Se montrer devant les franchises NBA et se confronter aux meilleurs prospects, c’est toujours intéressant. Ce soir, on est sept à évoluer en Betclic Elite avec un rôle majeur dans nos clubs. C’est assez fou, il y a une dizaine d’années, ça n’était pas du tout comme ça ».

« Une loupe incroyable sur notre vivier de talents »

Mais la formation française est montée en puissance, avec en point d’orgue ces deux premiers choix de Draft NBA consécutifs, avec Victor Wembanyama puis Zaccharie Risacher, suivi de près par Alexandre Sarr (no 2) et Tidjane Salaün (no 6, tiens tiens, encore un Choletais). Si bien que certains jeunes Français, Nolan Traoré (18 ans) en tête avec Saint-Quentin, sont habitués à cette pression d’évoluer devant des scouts NBA.

Attendu dans le Top 5 de la prochaine Draft NBA, le meneur de jeu français Nolan Traoré s'était bien éclaté lors du All Star Game à Bercy, le 29 décembre.
Attendu dans le Top 5 de la prochaine Draft NBA, le meneur de jeu français Nolan Traoré s’était bien éclaté lors du All Star Game à Bercy, le 29 décembre. - C. Saidi / SIPA

« Les hauts potentiels sont listés très jeunes et ils le savent, confirme Fabrice Jouhaud, directeur général de la LNB. L’effet Victor Wembanyama est un accélérateur de particules, et je lui associe Bilal Coulibaly, qui est sorti de nulle part pour être drafté numéro 7. Ils ont montré qu’on pouvait faire confiance aux jeunes en étant ultra-performants. »

Dans le sillage de « l’unique Wemby », la LNB a su dépoussiérer ses habitudes pour parvenir donc mardi à un pendant 100 % français du Nike Hoop Summit US, avec la veille l’organisation d’un Combine, ensemble de tests physiques et techniques comme avant la Draft NBA. « On veut montrer à nos jeunes qu’on est capables de les mettre en valeur, de créer un événement autour d’eux, et d’avoir un championnat cool, liste Fabrice Jouhaud. Et puis la présence de la NBA à Paris peut mettre une loupe incroyable sur notre vivier de talents. »

Les dirigeants NBA défilent à Saint-Quentin

Cette soirée est parvenue à être une franche réussite malgré l’absence majeure de Nolan Traoré, attendu dans le Top 5 de la Draft 2025, mais mobilisé mardi sur un match décisif de Ligue des champions avec Saint-Quentin, éliminé de peu (75-73) malgré les 20 points de son talentueux meneur de jeu. Manager général du SQBB, Thibaut Ricoux a droit à son lot de surprises cette saison : « Quand on connaît l’histoire de notre club, c’est fou de voir dans notre salle des grands noms comme le general manager (GM) adjoint des Hawks Kyle Korver en novembre, puis le président des Toronto Raptors Masai Ujiri et le GM des Warriors Mike Dunleavy Jr. la semaine dernière ».

Dans ce Palais des sports Pierre-Ratte de 3.100 places (dont 200 debout) affichant toujours complet, Saint-Quentin a même dû se débrouiller pour accueillir 20 scouts NBA lors d’une victoire contre Limoges (72-67) le 14 décembre. Autant vous dire qu’aucun observateur n’avait attendu ce Young Star Game pour espérer découvrir Nolan Traoré.

« Les franchises NBA ont une armée de scouts, rien ne leur échappe. Tous connaissaient avant ce soir les 20 joueurs présents à ce Young Star Game, mais aussi les 20 suivants. Il n’empêche que ça met la lumière sur nos jeunes, c’est une belle vitrine. »

« Un réservoir athlétique unique en Europe »

Et pas seulement pour les franchises NBA. Vice-président du Poitiers Basket 86 (Pro B), Eric Pineau tenait ainsi à faire le voyage mardi à Levallois : « Dans notre projet de développer des jeunes prospects français, avant qu’ils n’aillent briller en NBA et en Euroligue, il est important qu’on soit là. Le potentiel est incroyable chez les jeunes basketteurs français, et il y a plus de regards braqués sur notre formation ».

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Une tendance que confirme Vincent Collet, désormais consultant auprès de la franchise NBA des Cleveland Cavaliers : « On a l’impression que notre nombre de prospects augmente d’année en année. On a un réservoir de joueurs au potentiel athlétique unique en Europe. Préserver cela doit être une cause nationale pour notre basket ». Car c’est officiel, on salive désormais en imaginant Aaron Towo-Nansi se faufiler au milieu des géants de la NBA à partir de 2028 avant de leur poser des « too small ».