France

Fin de vie : Flou artistique de François Bayrou sur l’aide à mourir… Yaël Braun-Pivet ne décolère pas

François Bayrou a annoncé une décision majeure concernant le projet de loi sur la fin de vie : il sera scindé en deux textes distincts, l’un consacré aux soins palliatifs et l’autre à l’aide légale à mourir. Cette décision marque un tournant dans un processus législatif entamé il y a plusieurs années, mais elle suscite de vives réactions au sein de la classe politique et de la société civile.

Le choix de scinder le projet de loi en deux répond à une demande des adversaires de l’euthanasie et du suicide assisté, ainsi qu’à des réserves exprimées par François Bayrou. Selon l’entourage du Premier ministre, cette décision vise à distinguer deux enjeux : « Les soins palliatifs relèvent d’un devoir de la société à l’égard de ceux qui traversent cette épreuve », tandis que l’aide à mourir constitue « une question de conscience ».

Critiques fortes parmi les partisans de l’aide à mourir

Claire Fourcade, présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap), s’est félicitée de cette annonce : « Deux textes, c’est quelque chose que l’on demandait depuis le début. Le sujet des soins palliatifs, qui pourrait avancer très vite, est freiné par le fait d’être couplé à un sujet plus clivant et complexe. »

Cependant, cette décision a provoqué la colère de nombreux défenseurs de l’aide active à mourir. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est dite « opposée » à cette scission, affirmant sur France 5 : « J’attends que le gouvernement et le Premier ministre réinscrivent ce texte dans son ensemble à l’Assemblée nationale dès aujourd’hui. »

Une manœuvre politique délicate

Le député Olivier Falorni, figure emblématique de ce combat législatif, a également exprimé son désaccord, soulignant que les deux volets sont « complémentaires ». Selon lui, ils doivent « être abordés maintenant et en même temps, pas séparément et dans longtemps ».

L’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD) s’est elle aussi insurgée : « Séparer le texte, c’est céder aux représentants religieux et aux opposants à l’euthanasie, séparer pour finalement ne rien faire ? », a-t-elle déclaré sur les réseaux sociaux.

La fin de vie « n’est pas une urgence »

Derrière ce choix, des enjeux politiques complexes se dessinent. Certains membres du gouvernement, comme le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, se sont montrés hostiles à l’idée même d’une aide légale à mourir. En outre, un autre ministre a jugé en privé que la fin de vie « n’est pas une urgence » dans un contexte économique tendu.

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Pour Stéphanie Rist, députée Renaissance, cette scission pourrait néanmoins permettre d’accélérer les travaux parlementaires : « Scinder le texte peut être un moyen d’aller plus vite et d’être plus efficace », a-t-elle argumenté, ajoutant que cette option répond à une demande du Sénat.