International

Anne arnaquée par un faux Brad Pitt : Ces « Yahoo Boys » nigérians devenus princes de l’escroquerie

Le Nigeria, connu pour être un haut lieu de la cybercriminalité, voit cette réputation alimentée et popularisée par sa propre culture. La chanson Yahooze, sortie en 2007 par la star de l’afrobeat Olu Maintain, célèbre les escrocs en ligne surnommés localement les « Yahoo Boys ». Ceux-ci, dont le nom inspiré des premières fraudes par e-mail via Yahoo, incarnent une forme de réussite illégale, parfois érigée en modèle de succès dans certaines sphères sociales.

La chanson Yahooze, véritable ode à ces arnaqueurs, a marqué une génération et propulsé leur image dans la culture nigériane. D’autres artistes ont également fait référence aux « 419 », terme désignant la fraude dans le Code pénal nigérian. Cette glorification reflète une réalité économique et sociale où la cybercriminalité devient une échappatoire pour de nombreux jeunes confrontés au chômage et à la pauvreté.

Des escrocs glorifiés dans la culture populaire

Les « Yahoo Boys » ne se limitent pas à des fraudes locales, comme en témoigne l’affaire récente d’Anne, une Française de 53 ans. Croyant entretenir une relation amoureuse avec l’acteur Brad Pitt, la victime a été escroquée de 830.000 euros. Les fraudeurs ont utilisé des photos générées par intelligence artificielle pour rendre l’arnaque plus crédible, illustrant l’évolution technologique des techniques de fraude.

Selon l’expert en cybercriminalité Timothy Avele, « l’intelligence artificielle constitue un nouvel outil pour un vieux crime », menaçant de réduire à néant des années de progrès dans la lutte contre ces pratiques.

Une lutte inégale contre les « Yahoo Boys »

Ces dernières années, Meta a pris des mesures en supprimant des milliers de comptes liés à des fraudes comme la sextorsion. Toutefois, ces efforts peinent à contenir l’influence grandissante des « Yahoo Boys », encouragée par un cadre culturel et l’émergence de technologies comme les deepfakes.

Retrouvez nos informations sur les fraudes

De son côté, le Nigeria tente de lutter contre ces fraudes, mais les moyens restent limités. En décembre dernier, l’agence anticorruption EFCC a arrêté 792 suspects lors d’une vaste opération à Lagos, incluant des ressortissants étrangers et des complices locaux. Pourtant, comme l’a souligné Dele Oyewale, porte-parole de l’EFCC, une action efficace nécessite des plaintes officielles pour initier des enquêtes.