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Investiture de Donald Trump : Prisons, mur, droit du sol… On a vérifié les affirmations du président sur l’immigration

C’était un des axes phares de sa campagne : lundi, pour son premier jour en tant que 47e président des Etats-Unis, Donald Trump a promis de « commencer à renvoyer des millions et des millions d’étrangers criminels ». Toute la journée, de son discours d’investiture à ses prises de parole dans le bureau ovaleet devant ses supporters, le nouveau président américain a multiplié les déclarations sur l’immigration. 20 Minutes en a passé trois en revue.

Les étrangers criminels présents illégalement sur le sol américain viennent « souvent de prisons et d’institutions psychiatriques ».

C’est ce qu’a lancé Donald Trump lors de son discours d’investiture. Une affirmation qui revient régulièrement dans la bouche du président républicain, parfois agrémentée de l’histoire d’un médecin en Amérique latine qui se retrouverait sans travail car les institutions psychiatriques de son pays auraient été vidées pour que leurs occupants soient envoyés aux Etats-Unis.

Plusieurs médias américains et sud-américains ont vérifié cette affirmation, sans trouver de preuves que des pays ont vidé leurs prisons ou institutions de soins pour envoyer des détenus ou des malades aux Etats-Unis. C’est ce qu’avait confirmé en décembre 2023 Michelle Mittelstadt, porte-parole du groupe de réflexion Migration Policy Institute, au Washington Post : « Nous n’avons connaissance d’aucun effort de la part d’un pays ou d’une autre juridiction pour vider ses institutions de santé mentale ou ses prisons afin d’envoyer aux États-Unis des personnes souffrant de problèmes de santé mentale ou des criminels ».

Quant aux statistiques américaines sur la criminalité des étrangers sans papier, elles ne font pas la distinction entre les délits et crimes commis sur le territoire américain et ceux commis à l’étranger.

« On a construit plus de 500 miles [804 kilomètres] de mur. »

Donald Trump a lancé cette remarque devant ses partisans lundi, après son discours d’investiture. Il faisait ici allusion au mur qu’il avait promis de bâtir pendant son premier mandat entre les Etats-Unis et le Mexique.

Là encore, il s’agit d’une assertion que le nouveau président fait régulièrement. D’après des données de l’agence en charge des douanes et de la protection des frontières, 453 miles (737 kilomètres) de mur ont été bâtis pendant la première présidence de Donald Trump, entre 2017 et 2021. La majorité consistait en une rénovation des dispositifs existants, notent nos confrères de Politifact.

« Nous sommes le seul pays au monde qui a ce droit du sol. »

C’est ce qu’a déclaré Donald Trump devant des journalistes, alors qu’il signait une première série de décrets dans le bureau ovale de la Maison-Blanche, dont un visant à restreindre ce droit.

Aux Etats-Unis, ce droit du sol est accordé à tous les enfants nés sur le sol américain, à l’exception des enfants de diplomates étrangers, quelle que soit la nationalité de leurs parents. Ce droit diffère de la France, où un enfant né en France de parents étrangers peut prétendre à la nationalité française à partir de 13 ans s’il peut prouver avoir résidé en France de manière continue pendant plusieurs années. Ce critère de résidence évolue en fonction de l’âge de l’enfant lors de la demande.

Contrairement à ce qu’affirme Donald Trump, d’autres pays accordent leur nationalité aux enfants étrangers nés sur leur sol. D’après une étude de 2020 de la Bibliothèque du Congrès à Washington, c’est la règle qui s’applique principalement sur le continent américain, du Canada à l’Argentine. En dehors de ce continent, l’Angola, la Tanzanie et le Pakistan accordent aussi ce droit.

Donald Trump veut restreindre l’accès à la nationalité américaine, en visant les enfants nés de parents présents illégalement sur le sol américain. Une décision qu’il ne peut pas prendre seul, le droit à la citoyenneté étant inscrit dans la Constitution, et qui risque d’être attaquée en justice. Le président prend-il le pari que la Cour suprême, dominée par des juges conservateurs, se rendra à son interprétation ? Les experts interrogés par le New York Times et le Washington Post sont divisés.