Open d’Australie : « J’étais rôti »… Mais pourquoi Gaël Monfils, qui a « trop donné », a abandonné ?
A 38 ans, Gaël Monfils est encore capable de nous faire lever de notre chaise dès potron-minet sur des coups de génie. Des coups droits de fou furieux, des aces à la pelle, des smashs spectaculaires. Alors, quand, à une manche partout, le Français a réussi à breaker Ben Shelton au début du troisième set, en huitième de finale de l’Open d’Australie, on a poussé un petit cri de satisfaction et réveillé les gamins.
Mais, l’espoir a été de courte durée. Dans la foulée, l’Américain, pas avare en parpaings, a recollé et La Monf a commencé à faire son âge, à prendre plus de temps entre les points, mettre ses mais sur ses genoux pour récupérer et ne même plus avoir la force de combattre sur certains points. Troisième set pour Shelton, certes au tie-break, et abandon pour Monfils au début du quatrième set.
« A un moment, au troisième set [après avoir breaké Shelton], j’ai senti que j’avais franchi une limite physique, j’étais rôti, a expliqué le 41e mondial en conférence de presse après la rencontre. Je me suis assis, je me suis dit que si j’arrivais à faire ce jeu de service, tenir ce break, derrière, il (allait) falloir jouer à l’expérience. Forcément, je n’ai pas réussi à faire ça. »
« Je n’ai plus 20 ans quoi »
Et, c’est là que le poids des années s’est fait ressentir, surtout après avoir enchaîné huit victoires d’affilée : « En fait, la tête, elle veut, mais à un moment, je n’ai plus 20 ans, quoi, a réagi Monfils. Il y a un moment, waouh, trop physique pour moi pour que je continue à le suivre comme ça. Donc, j’ai commencé à jouer différemment. Mais en Grand Chelem, c’est hyper dur. Et après, Ben reste quand même 20e mondial, donc c’est trop dur. »
Alors que le tableau était ouvert, avec un quart de finale face à l’Italien Sonego, Gaël Monfils n’a aucun regret après cette défaite. « J’ai tout donné, je ne pouvais pas donner plus. J’ai même trop donné. J’étais à plat. Ben, c’est quelqu’un que j’apprécie énormément. Si on est dans cet état, c’est parce que l’autre fait que le match soit vraiment dur. Et il a réussi à plus que m’épuiser. »
« Je vois juste que je suis mort »
L’abandon était donc presque inévitable à ce stade là de la rencontre. « Il y avait une barrière, à 100 mètres devant moi, où c’est marqué : »Interdit », explique-t-il. Même de revenir en arrière, c’était trop dur. Au début, je me demande si ce n’est pas une crampe. Je bois le jus de cornichon et je me dis : »Qu’est-ce que tu es en train de faire, t’as pas de crampes… » Je vois juste que je suis mort. »
Gaël Monfils a tenu à féliciter son adversaire, qu’il apprécie énormément : « Je trouve surtout qu’il a bien joué tactiquement. Il me jouait des bonnes giclettes assez hautes, il jouait bien, il servait bien. J’ai quand même dû puiser pas mal de ressources pour le retourner. J’ai beaucoup forcé aussi sur les jambes pour essayer de retourner un maximum. Du coup, progressivement, son jeu m’a usé. » Avec en plus une trentaine de degrés au thermomètre, c’en était trop pour notre papi. Mettez-le dans un bain de glace.