« J’use et j’abuse de mon besoin d’attirer l’attention », confie Robbie Williams
«Bonjour, je m’appelle Rob et je suis alcoolique ». Cette entrée en matière, quand on le rencontre dans une chambre d’hôtel parisienne, est bien dans la manière rentre-dedans dont Robbie Williams a fait sa marque de fabrique. Ce côté provocateur se retrouve dans Better Man de Michael Gracey, biopic dans lequel le musicien quinquagénaire est représenté par un singe en images de synthèse auquel il prête sa voix.
Robbie Williams n’y est pas angélisé, tant s’en faut. Ce film signé par le réalisateur de The Greatest Showman change agréablement des biographies fadasses qu’on nous inflige depuis des années. La gloire soudaine de ce garçon trop jeune pour pouvoir la gérer, sa descente aux enfers puis sa renaissance sont montrées de façon brillante. Le fort sympathique Robbie Williams n’a pas mâché ses mots pour parler avec 20 Minutes de cet excellent film qui a, hélas, connu un score décevant et totalement immérité lors de sa sortie aux Etats-Unis.
Pourquoi vous être lancé dans l’aventure de ce biopic ?
J’avais envie de rappeler aux gens que j’existe. Tout le monde se contrefiche des albums alors il faut essayer autre choses : livres, documentaires, films… Je suis, bien évidemment, un être narcissique et égocentrique qui ressent un profond besoin de tout raconter de moi pour justifier ma place sur cette planète. Je n’avais rien à dire de plus que dans la série Netflix, mais j’use et j’abuse de mon besoin d’attirer l’attention : c’est mon métier.
Estimez-vous mériter cette attention ?
Autrefois, je me détestais. Je pensais ne pas avoir droit aux bonnes choses. Maintenant, je ne me hais plus alors je ne me pose plus la question. Je ne laisse plus l’autodétestation me dominer. Je suis là. Je suis différent. Je suis un singe. Point barre.
D’où vient cette idée d’être représenté en singe ?
C’est une idée marrante et culottée qui me correspond. Je trouve le concept original. Si j’étais un spectateur, c’est le genre de choses que j’aimerais aller voir. De plus, comme je ne me considère pas comme un individu évolué, le singe me correspondait parfaitement. Les autres protagonistes du film sont humains ce qui est aussi une façon de montrer que la célébrité vous rend différent.
Comment avez-vous vécu le tournage en « motion capture » ?
C’était génial. On m’a fait entrer dans une espèce de cage avec 150 caméras qui ont enregistré ma façon de me mouvoir. Puis, trois caméras ont filmé 120 expressions de mon visage. Tout cela a été placé sur Jonno Davies, le comédien qui m’incarne. Je joue aussi moi-même dans certaines scènes mais je ne me souviens plus desquelles tant la technique est au point. Il est aussi vrai que Jonno a un cul d’enfer et que j’aime à m’imaginer que le mien ressemble encore à ça.
Est-ce que ce film est une façon de raconter votre vie aux générations qui ne vous connaissent pas ?
En toute sincérité, je me fiche de la postérité. Ce qui m’importe, c’est ce que ressentent les gens. Cela doit encore correspondre à mon besoin dévorant d’être aimé mais je veux donner de la chaleur humaine. On oublie parfois ce que quelqu’un vous a dit. On se souvient bien davantage de ce qu’il vous a fait ressentir.