Pesticides : Une étude va être menée pour évaluer les risques encourus par les fleuristes
Ancienne fleuriste, Laure Marivain se bat aujourd’hui pour la mémoire de sa fille Emmy, terrassée par une leucémie en 2022 à l’âge de 11 ans. Un cancer du sang lié aux pesticides auxquels la mère de famille avait été exposée durant sa grossesse au contact des fleurs. En 2023, le fonds d’indemnisation des victimes de pesticides a d’ailleurs reconnu « le lien de causalité entre la pathologie d’Emmy et son exposition aux pesticides durant la période prénatale », une première pour un enfant décédé.
Dénonçant « un véritable scandale sanitaire », les parents d’Emmy avaient réclamé en octobre devant la cour d’appel de Rennes « une réparation intégrale » du préjudice subi par leur fille avant d’être déboutés début décembre. « Une décision terrible qui rajoute encore de la souffrance à la souffrance », avait alors réagi Laure Marivain.
Une mission de deux ans environ
Mais son combat n’aura pas été vain car une mission « sur les risques de l’exposition aux pesticides » des fleuristes va être menée par l’Anses, selon une information de Radio France et du Monde. Cette « expertise de grande ampleur », qui devrait durer environ deux ans, porte sur « les risques de l’exposition aux pesticides et résidus de pesticides des travailleurs de la filière horticole des végétaux d’ornement (fleurs coupées et en pots) et de leurs enfants », selon l’association Robin des Bois, qui a saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail avant que les ministères chargés du Travail et de l’Agriculture n’en fassent de même.
Pour Laure Marivain, cette évaluation « est un premier pas, mais l’État est au courant du problème depuis longtemps, au moins 2017 », a-t-elle réagi sur Franceinfo. « Il aurait dû se saisir du sujet il a plusieurs années déjà et ils n’ont rien fait », poursuit-elle, déplorant également la durée de l’enquête. « Si on attend que cette expertise soit menée à son terme, il y aura encore des gens qui vont tomber malades », a-t-elle indiqué à nos confrères.
NOTRE DOSSIER SUR LES PESTICIDES
Selon la Fédération française des artisans fleuristes, cette profession compte quelque 30.000 personnes en France (artisans et commerçants fleuristes). Autant de professionnels qui manipulent à longueur de journée des fleurs venues bien souvent du Kenya ou d’Équateur et imprégnées de résidus de pesticides. Une étude publiée en 2019 en avait détecté plus d’une centaine, dont la plupart interdits dans l’Union européenne, dans les bouquets de fleurs les plus vendus.