Vague de froid : Mais comment le (méga kitsch) bonnet rose fluo s’est-il imposé sur nos têtes ?
Alors que le thermomètre continue de claquer des dents en ce mois de janvier 2025, nous vous proposons de relire cet article sur l’un des phénomènes les plus étranges de la mode récente, le succès des bonnets rose fluo :
De notre envoyé spécial dans la hype,
« Il n’y a plus de saisons, ma bonne dame ». Pendant des siècles, l’automne avait le monopole des couleurs chatoyantes. Les feuilles éclatant d’orange, de rouge et de jaune, la lumière particulière des soirées de septembre-octobre. Mais voilà qu’une autre saison s’empare du flashy : l’hiver. N’espérez rien du ciel, aussi grisonnant que tristounet, ni des arbres, orphelins de toute verdure… C’est plutôt sur les têtes que la couleur bourgeonne. Notamment en cette semaine frisquette, où des bonnets rose fluo, rouge pétard ou jaune éclatant fleurissent.
De telles couleurs étaient presque impensables il y a encore une décennie, et vous auraient condamné au tribunal du fashion faux pas pour excès de kitsch. Après avoir décliné toutes les nuances de bleu, de noir et de gris, la mode s’ouvre donc à nouveau aux teintes plus osées. Sophie Malagola, créatrice et ancienne directrice des collections chez DIM et chez Etam, analyse pour 20 Minutes : « Il y a un retour progressif de la couleur, mais uniquement sur les accessoires. La plupart de notre garde-robe reste concentrée sur des couleurs sobres et on va se permettre un détail flashy. Des sneakers colorées l’été, une banane pétard au printemps pour faire les premiers festivals, et un bonnet tape-à-l’œil en hiver. »
Du sport et de l’accessoire
Ce retour de la couleur s’explique en partie par la tendance sportwear, dernière évolution du streetwear, détaille notre experte. Les vêtements de sport s’inscrivent de plus en plus dans la vie quotidienne et urbaine, et se déclinent plus facilement en couleurs que les vêtements citadins. C’est le théorème du pantalon : vous trouverez beaucoup plus facilement un jogging rose ou jaune qu’un chino ou un jean abordant ces couleurs. C’est la même pour le bonnet. La version criarde, portée sur les pistes de ski, s’exporte désormais en ville.
« Je ne pourrais jamais porter un pantalon ou une veste entièrement rose », reconnaît Camille, 32 ans, qui déambule pourtant dans les rues de Montpellier avec un bonnet de cette même couleur. « C’est beaucoup plus léger, se justifie-t-elle. Ça met un peu de joie sans passer pour un bonbon à la guimauve ou un jouet Barbie. »
Tout rose étant égal par ailleurs
Ça y est, le nom est sorti. Difficile en effet de passer à côté du raz-de-marée cinématographique de l’année pour expliquer la tendance. « Il y a un effet post-Barbie, mais surtout post-Ken », décrypte Thomas Zylberman, expert mode au sein du bureau de tendances Carlin International. « Le rose est presque devenu une couleur sans genre, portable autant par les hommes que par les femmes. » Et dans le vestiaire masculin aussi, ce sont les accessoires qui s’y convertissent le mieux : cravate, casquette, chaussette…
Quitte à porter du rose et du rose fluo, autant le faire dans un tissu adéquat, en l’occurrence la maille, appuie Thomas Zylberman : « C’est un matériau souple, confortable et adaptable. C’est pour ça que tant de bonnets ou de pulls en maille sont colorés, bien plus propices que des vêtements avec des matériaux plus structurés. »
Des vêtements réversibles
Pull, bonnet, banane… Tous ces éléments forts colorés ont également un autre avantage de taille. « Ils s’enlèvent », sourit l’expert mode. « Cela déculpabilise encore plus leur usage, puisqu’on ne les porte que temporairement. Une fois à l’intérieur, et notamment au travail, on retrouve une allure sobre ». Très pratique pour Sébastien, Parisien de 34 ans : « C’est l’idéal car ça permet un style fashion en dehors du bureau et sobre une fois dans l’open space. Je n’aime pas être trop visible au bureau, donc c’est parfait d’avoir des accessoires facilement réversibles. »
Et tant qu’à citer les raisons pragmatiques, Sophie Malagola conclut avec l’argument massue : « C’était Noël il y a peu, et le bonnet est un cadeau simple, pas trop cher, qui n’a pas trop de risque de déplaire. » De la mode à moindres frais et à moindre effort. Si vos yeux souffrent de tant des couleurs, accusez plutôt le Père noël que le froid.