France

Affaire abbé Pierre : L’Eglise demande à la justice d’ouvrir une enquête

Le président de la Conférence des évêques de France Eric de Moulins Beaufort a annoncé vendredi qu’il avait « saisi la justice », lundi, pour lui demander d’ouvrir une enquête sur l’abbé Pierre. Cette déclaration, sur RMC, fait suite aux nouvelles accusations publiées mardi dans un rapport.

« J’ai écrit un signalement au Procureur de Paris pour lui demander de réfléchir à ouvrir une enquête » afin de « pouvoir enquêter sur d’éventuels autres victimes ou éventuels complices » ou sur des « non-dénonciations », a-t-il ajouté.

Trente-trois victimes potentielles identifiées

Il a redit son « horreur » après les nouvelles révélations de violences sexuelles cette semaine visant le prêtre. Depuis le mois de juillet 2024, plusieurs rapports mettent en cause l’homme d’Église, accusé de viols ou d’abus sexuels par de nombreuses femmes ou leurs proches.

Avec ces neuf nouveaux témoignages, cela porte à 33 le nombre de victimes potentielles, identifiées à ce jour comme ayant été victime de celui qui fut longtemps la personnalité préférée des Français. Parmi ces femmes, quatre auraient été mineures au moment des faits.

Jeudi, la Conférence des évêques avait fait part de sa « peine immense à toutes les personnes victimes qu’a laissées derrière lui l’abbé Pierre », dans un communiqué. « Réaliser qu’il a utilisé son aura médiatique et l’œuvre sociale qu’il avait édifiée […] pour abuser sexuellement de femmes, d’enfants, et de personnes en situation de précarité, est effroyable. »

Plus de cinquante dénonciations

Le cabinet Egaé a été mandaté par Emmaüs pour enquêter sur les accusations. Il est à l’origine des trois rapports publiés en juillet 2024, septembre 2024 et janvier 2025. Les derniers témoignages « ne permettent absolument pas de dresser un état des lieux exhaustif », explique-t-il. Une vingtaine d’autres, « parfois anonymes ou incomplets », ont été reçus.

Ce sont au total plus de cinquante personnes qui ont dénoncé des viols et agressions sexuelles du prélat, entre les années 1960 et le début des années 2000.

Notre dossier sur l’abbé Pierre

La Conférence des évêques de France précise que ce signalement à la justice a été fait « pour non-dénonciation de viols et agressions sexuelles sur personnes vulnérables et mineurs ». Ceci afin que le parquet « apprécie l’opportunité d’ouvrir une enquête » pour déterminer comment les faits « ont pu ne pas être signalés à la justice pendant toutes ces années ».

Il s’agit aussi d’enquêter sur « d’éventuelles autres victimes ou éventuels complices », a précisé Mgr de Moulins-Beaufort. Il souligne que le parquet « a des moyens d’investigation qu’une commission d’enquête historique comme celle qu’a réunie Emmaüs […] n’a pas ». Rappelant qu’il avait déjà demandé, en septembre, l’ouverture des archives de l’Eglise sur l’abbé Pierre, il explique qu’il faut aller « jusqu’au bout de la vérité ». L’abbé Pierre est décédé le 22 janvier 2007.