Retraites : Bayrou lance le « conclave », dans une certaine improvisation
Une « concertation des partenaires sociaux ». Le courriel envoyé par Matignon aux organisations syndicales et patronales pour les inviter à 11 heures au ministère du Travail ce vendredi est on ne peut plus sobre. Cette réunion doit marquer le début du « conclave » sur la réforme des retraites imaginé par François Bayrou. Ses modalités sont encore floues et contesté et son véritable lancement devra attendre d’ailleurs l’issue d’une mission de chiffrage délicat sur le financement du système de retraite
La réunion a pourtant failli ne pas se tenir le jour prévu. Plusieurs syndicats, deux ministres et Matignon avaient évoqué mercredi matin des problèmes de calendrier et son annulation, avant que les services du Premier ministre ne maintiennent finalement le rendez-vous.
Quant aux modalités, elles faisaient encore débat jeudi. « ça évolue au fil des heures et c’est assez déstabilisant », a affirmé jeudi matin sur France Inter le président du Medef Patrick Martin. « Tout ça n’est pas très bien organisé », persiflait auprès de l’AFP une source syndicale.
C’est pourtant la proposition phare du nouveau locataire de Matignon qui lui a permis d’échapper jeudi à la censure des socialistes : « Remettre ce sujet (des retraites) en chantier avec les partenaires sociaux », avait annoncé François Bayrou mardi, sans pour autant accéder à la demande du PS de « suspendre » la très controversée réforme des retraites en vigueur.
« Fixer le cadre et la méthode »
Cette première réunion vise selon Matignon à « fixer le cadre et la méthode », et les travaux censés durer trois mois ne commenceront que lorsque la mission « flash » confiée à la Cour des comptes sur le financement du système de retraites sera rendue, soit dans « quelques semaines », selon le président de la juridiction Pierre Moscovici.
François Bayrou, qui considère que le poids des retraites dans le déficit public est bien plus lourd que celui calculé par le Conseil d’orientation des retraites, rattaché à Matignon, a chargé la Cour des comptes d’établir « un constat » fondé sur « des chiffres indiscutables ».
La révision de la réforme de 2023 devra tenir compte d’une exigence : ne pas « dégrader l’équilibre financier » du système, a prévenu François Bayrou.