Alsace : Un couple de retraités arrêté avec un véhicule plein de fossiles… Est-ce courant ce genre de saisie ?
C’est une découverte inattendue sur une route départementale du Haut-Rhin en Alsace qui attendait les douanes de Mulhouse. Une découverte qui aurait pu sortir tout droit d’un film de pilleurs de trésors… mais non. Les faits se sont produits début décembre, sur la RN83, en direction de Strasbourg, lorsque les douaniers de la brigade de surveillance des Trois frontières ont fait une saisie pour le moins surprenante : près de 200 fossiles cachés dans une voiture utilitaire. Une découverte qui a de quoi faire rêver les paléontologues, mais qui s’est révélée un casse-tête pour les deux retraités à bord du véhicule.
Les agents ont rapidement remarqué que la voiture semblait « un peu trop » chargée. En effet, parmi les caisses entreposées dans l’habitacle, des fossiles comme des ammonites aux trilobites, en passant par des fossiles de plantes, de poissons, d’oursins et même des rostres d’animaux. Des spécimens datant de plusieurs centaines de millions d’années et couvrant des périodes aussi anciennes que le paléozoïque, le mésozoïque et le cénozoïque. Tout un pan de l’histoire de la Terre dans un simple véhicule utilitaire…
Sans aucun justificatif
Les deux retraités, visiblement plus amateurs que trafiquants, ont expliqué qu’ils étaient venus de Belfort pour participer à une bourse aux minéraux. Dommage pour le couple, ces derniers n’avaient aucun justificatif d’importation, de détention et de circulation des fossiles, pourtant obligatoire pour de nombreux d’entre eux.
Après une analyse minutieuse par un expert paléontologue de l’Université de Strasbourg, il s’est avéré que 67 de ces fossiles étaient des biens paléontologiques, nécessitant une documentation stricte. Conséquence : une saisie, mais aussi, peut-être d’éventuelles poursuites judiciaires, indique à la Direction des douanes de Paris. « Cela dépend du profil des contrevenants, s’il s’agit d’un réseau, d’un trafic international, de récidive ou tout simplement d’un simple achat sans connaître la réglementation. Cela peut aller d’une simple saisie et d’un rappel à la loi jusqu’à de très lourdes amendes et de peine d’emprisonnement. »
Plus de 20.000 saisies d’objets culturels en un an
Ce type de saisie d’objets archéologique n’est malheureusement pas si rare. En 2023, rien qu’en France, ce ne sont pas moins de 43 constats qui ont permis la saisie de 23.320 objets culturels, rappelle la Direction des douanes de Paris. Et si les fossiles sont encore une rareté dans ces saisies, les objets archéologiques, notamment ceux de l’Antiquité gréco-romaine, restent les plus courants, suivis des livres anciens, manuscrits, lettres, monnaies anciennes, et autres œuvres d’art.
Pour l’heure, les fossiles de cette saisie alsacienne, sont pour certains rares et précieux, et proviennent de pays aussi divers que le Maroc, le Niger, Madagascar, le Brésil, le Liban et les États-Unis. Leur valeur est d’autant plus grande qu’ils sont souvent échangés dans des réseaux de collectionneurs et de revendeurs, voire sur des plateformes de vente en ligne. Un véritable marché parallèle de la préhistoire, où la vente de fossiles peut parfois aller de pair avec la destruction de sites archéologiques précieux.
Notre dossier sur l’archéologie
La bonne nouvelle dans cette histoire ? Certains de ces spécimens pourraient être remis à l’université de Strasbourg auprès du département des collections paléontologiques, et ainsi enrichir les collections de l’établissement. L’occasion ainsi de sensibiliser le public aux enjeux éthiques et environnementaux de la commercialisation de ces objets uniques. Car derrière cette affaire de fossiles se cache une question de patrimoine mondial, des témoins de l’histoire de notre planète avec, parfois, un trafic qui peut avoir des conséquences désastreuses pour notre compréhension du passé.