Et si TikTok était racheté par un milliardaire américain ?
Imaginons : Nous sommes en janvier 2026, et cela fait déjà un an que les autorités américaines ont définitivement ordonné la vente de TikTok à sa maison mère chinoise, ByteDance. En avril 2024, Joe Biden avait signé une loi demandant la vente ou l’interdiction de TikTok, sur fond de scandale concernant les données personnelles des utilisateurs du réseau social chinois. Un peu moins d’un an après, en janvier 2025, la sentence tombait : la Cour suprême a confirmé la constitutionnalité de cette mesure, malgré une longue semaine de plaidoyer et la sympathie de Donald Trump, entré en fonction quelques jours plus tard.
Plusieurs entrepreneurs ont sauté sur l’occasion de reprendre le réseau social et de capitaliser sur sa base d’utilisateurs (plus de 115 millions rien qu’aux Etats-Unis à l’époque). Frank McCourt, ancien propriétaire des Dodgers de Los Angeles et actuel propriétaire de l’OM, s’était positionné avant même l’annonce, montant un consortium d’investisseurs et prêchant un projet de réseau décentralisé.
Après le 19 janvier, date à laquelle l’application a officiellement été interdite sur le sol américain, les enchères sont montées. Des rumeurs d’achat plus ou moins sérieuses se sont mises à circuler, allant de Lachlan Murdoch, fils du magnat des médias Rupert Murdoch, au youtubeur MisterBeast, en passant par Disney, Microsoft ou Amazon. Espérant retarder l’opération et négocier un retour de l’application avec Donald Trump, ByteDance avait posé un prix prohibitif de 130 milliards de dollars. Mais c’est finalement Elon Musk qui a sorti la carte bleue et racheté la plateforme pour l’équivalent d’un quart de sa fortune personnelle.
Musk rebaptise l’appli « TixTox »
Comme lors du rachat de Twitter, le patron de Tesla et SpaceX a tout de suite opéré une série de changements. Un ajustement de l’algorithme a automatiquement forcé les publications d’Elon Musk et ses entreprises dans le fil des internautes, et a encouragé les contenus conservateurs. En pleine phase obsessionnelle sur le jeu vidéo Path of Exile, Elon Musk a aussi décidé de promouvoir la fonctionnalité live de l’application pour retransmettre des parties et concurrencer Twitch. Il a lui même essayer de se lancer dessus pour quelques streams. Enfin, il a renommé l’application « TixTox », confirmant son obsession pour la 24e lettre de l’alphabet.
Alors que de plus en plus de frictions se faisaient déjà sentir entre l’Union européenne et TikTok d’une part, et avec les patrons de la Silicon Valley pro-Trump d’autre part, la question de l’interdiction de l’application s’est déplacée sur le vieux continent. Alors qu’Elon Musk multipliait les provocations et les appels du pied à l’extrême droite, notamment allemande, le pays de la choucroute a décidé de l’interdire temporairement, à quelques jours de ses élections législatives anticipées. L’entreprise a déposé un recours européen au nom de la liberté d’expression, rétablissant TikTok en Allemagne mais déclenchant une vaste procédure d’enquête et de débat à l’échelle européenne, qui n’est toujours pas résolue.
La Chine contre attaque
Les communautés en ligne, elles, se sont fracturées. Peu avant la suspension de TikTok aux Etats-Unis, des utilisateurs avaient appelé à migrer vers Rednote (ou « Xiaohongshu »), sorte de Pinterest chinois. La version internationale de l’application s’était même hissée en tête des téléchargements pendant quelques jours. Mais passé la provocation de rejoindre un réseau « encore plus chinois » que TikTok, et les premières interactions amusantes entre les utilisateurs anglophones et sinophones, le soufflé est retombé, et la plupart des internautes sont revenus à leurs habitudes.
La Chine, cependant a montré son mécontentement. Les réseaux sociaux occidentaux comme Facebook ou YouTube y étant déjà interdits, le pays n’a même pas eu besoin d’appliquer des mesures de représailles. Il a quand même promis de resserrer sa surveillance sur les entreprises de média et technologie qui opère sur son territoire. Contraint de se séparer de sa poule aux œufs d’or et voyant le bref succès de Rednote, ByteDance, la maison mère de TikTok, s’est mis à préparer sa revanche.
En juin, elle a annoncé le lancement d’une version internationale de Douyin, qui était jusque-là la version de TikTok réservée au marché chinois, dans plusieurs pays d’Asie et d’Afrique. L’application se distingue de TikTok par des fonctions d’e-commerce, et espère montrer patte blanche dans les pays occidentaux avec son « mode adolescent », qui restreint l’usage de l’application entre 6 heures et 22 heures et limite à une heure et demie par jour le temps d’écran. Chassez la Chine, elle revient au galop.