Belgique

« Ne pas respecter les 10 000 décisions de justice dans les dossiers de demandes d’asile est une position extrémiste du gouvernement fédéral »

La Ligue des droits humains (LDH) publie, ce 16 janvier, son rapport annuel sur l’état des droits humains en Belgique. Sibylle Gioe, présidente de la LDH, et Pierre-Arnaud Perrouty, directeur de la LDH, reviennent sur deux éléments du rapport : la présence et la banalisation des discours des extrêmes, et les menaces à l’égard de la liberté de la presse.

JETTE, BELGIUM - SEPTEMBER 16 : Local elections of October 13 2024 . Political propaganda posters pictured on September 16, 2024 in Jette, Belgium, 16/09/2024 ( Photo by Philip Reynaers / Photonews
La présence du Vlaams Belang dans certaines majorités en Flandre inquiète la Ligue des droits humains. ©PRE

Dans le rapport 2024 de la Ligue, vous écrivez que les droits et libertés n’avaient plus été mis sous une telle tension par l’extrême droite depuis 80 ans, c’est-à-dire depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est une affirmation très forte. Sur quoi la fondez-vous ?

Sibylle Gioe : Le monde est à une étape charnière. Une série de démocraties libérales muent, petit à petit, en des régimes illibéraux où l’État de droit et les droits humains sont profondément remis en cause. La Belgique n’échappe pas à cette évolution. En Flandre, aux élections de juin, le Vlaams Belang n’avait jamais réalisé un score aussi élevé. La N-VA siège au parlement européen dans le même groupe que Fratelli d’Italia, le parti de Giorgia Meloni. Du côté belge francophone, l’extrême droite y est anecdotique sur le plan électoral, mais un certain discours extrémiste et illibéral percole. Après la Seconde Guerre mondiale, on a réaffirmé que le vote ne suffisait pas pour asseoir une démocratie : il n’y a pas de démocratie possible sans État de droit, sans contre-pouvoirs et sans un ensemble de droits humains qui chapeautent les lois.