Paris : « Si le secteur du Trocadéro est plus vert et plus piéton, tout le monde en profitera… », estime Patrick Bloche
Quel avenir pour la place du Trocadéro ? Après les trottinettes en libre-service ou la tarification du stationnement des SUV, la municipalité interroge, depuis le 20 décembre dernier, les Parisiennes et Parisiens sur ce sujet dans une nouvelle consultation intitulée « Le Trocadéro de demain » avec Make.org.
Réaménagée à l’occasion des JO de Paris 2024, la mythique place du 16e arrondissement de la capitale est toujours, à l’heure actuelle, dans une configuration « exceptionnelle » qui laisse moins de place à la voiture et, surtout, donne une idée des intentions de la Mairie de Paris. Pour 20 Minutes, Patrick Bloche, premier adjoint d’Anne Hidalgo revient sur ce projet.
Les Parisiens ont jusqu’au 31 janvier pour déposer leurs propositions et avis au sujet de « Le Trocadéro de demain ». Qu’en est-il de la concertation à quelques jours de la fin ?
On peut dire qu’elle marche bien. A quelques jours de la clôture, nous comptons déjà plus de 15.000 participants, plus de 700 propositions et environ 195.000 votes. Au regard de ces chiffres, et à l’image des précédentes, cette consultation montre l’intérêt des Parisiens pour la vie de leur ville et toute l’utilité de ce type de démarche.
Quel est l’objectif de la Mairie de Paris à travers ce projet au Trocadéro ?
Comme c’est le cas pour toutes les transformations que nous opérons dans la ville, nous sommes conduits par l’intérêt général, parce que si le secteur du Trocadéro est plus vert, plus piéton et plus apaisé, tout le monde en profitera. Et pas seulement les riverains car il s’agit d’un site patrimonial remarquable qui intéresse directement celles et ceux qui vivent à proximité mais aussi tous les Parisiens.
A titre personnel, j’ai beau habiter dans l’Est de Paris, je vais régulièrement du côté du Trocadéro pour différentes raisons et c’est le cas de la plupart des Parisiens, au même titre que la place de la Bastille ou la place de la Nation que nous avons déjà transformées.
Aussi nous souhaitons rattacher une partie de la place au Trocadéro, pour avoir un carrefour en forme de fer à cheval plutôt qu’un rond-point ou un sens giratoire comme cela a été fait à la place de la Bastille ou ce que nous souhaitons faire à place de la Concorde.
Les riverains justement, plus directement concernés, ont-ils été consultés ?
Ce sera fait bien évidemment, notamment avec le Conseil de quartier. Aucune date n’a encore été fixée mais il va de soi que nous aurons des réunions avec ceux qui vivent au quotidien près de la place du Trocadéro. Mais nous sommes certains de pouvoir les convaincre car c’est aussi un enjeu de santé publique.
Depuis le premier réaménagement opéré, ce carrefour en forme de fer à cheval plutôt qu’un rond-point comme c’était le cas avant, nous avons constaté une baisse de 15 % du trafic automobile sans avoir davantage de congestions ou de saturation du secteur. C’est autant de gains en termes de cadre de vie avec moins de nuisances sonores et une meilleure qualité de l’air.
Vous demandez leur avis aux administrés, tout en présentant un projet déjà avancé. Certains commentaires avancent même que la consultation ne sert qu’à légitimer une décision déjà prise…
Bien évidemment nous avons une idée de ce vers quoi nous voulons aller. C’est-à-dire la ligne qui est celle de la municipalité et d’Anne Hidalgo depuis plusieurs années. Le but d’une telle concertation est de lire les avis, même contradictoires entre ceux qui veulent que ça change et ceux qui veulent que rien ne change. C’est la démocratie.
Une telle consultation, surtout avec une participation qui nous assure un panel représentatif, est très éclairante et alimente le projet. Cela peut nous amener à enrichir et à corriger le projet. Cela permet également de prendre en compte les avis contraires et ainsi éviter qu’il y ait des oppositions qui se cristallisent.
Parmi ces oppositions on retrouve notamment Jérémy Redler, maire du 16e arrondissement qui s’oppose également à la piétonnisation du pont d’Iéna, ou encore Rachida Dati…
Que la mairie du 16e arrondissement s’exprime et s’exprime en opposition à ce projet, c’est évidemment son droit le plus strict et nous l’entendons parce que les mairies sont amenées à donner leur avis sur la plupart des projets mais la décision finale incombe à la mairie centrale.
L’usage de l’automobile est plus important à l’Ouest qu’à l’Est de Paris et je pense qu’il y a une aspiration commune, dans l’ensemble de la ville à vivre dans un cadre moins pollué, plus piéton, plus apaisé et plus végétalisé. Il serait dommage que la ville se transforme et bouge seulement d’un côté de la ville et pas de l’autre. Nous avons pu l’expliquer à Monsieur Redler avec qui nous avons des échanges très fluides et très cordiaux.
C’est très différent de l’autre côté de la Seine, dans le 7e arrondissement, ou l’opposition est plus directe. Nous ne sommes pas d’accord, c’est ainsi. Nous devons convaincre les habitants de l’amélioration de leur cadre de vie. Vous savez, Rachida Dati a dit que si elle arrivait à la Mairie de Paris, elle voudrait dépiétonniser directement une partie des voies sur berge. Une chose que même les plus sérieux de nos opposants n’envisageraient même plus tant il s’agit d’un acquis pour les Parisiens.