Décès de trois femmes enceintes dans une clinique à Casablanca: l’analyse d’un médecin
L’opinion publique marocaine est sécouée par la mort dans des conditions mystérieuses de trois femmes qui s’étaient rendues dans une clinique privée de Casablanca pour accoucher.
Après le décès mystérieux de trois femmes dans la même clinique privée de Casablanca, dont deux le même jour, des appels ont été lancés pour ouvrir une enquête. Selon les déclarations des familles des victimes, deux femmes sont entrées à la clinique le 8 janvier en bonne santé pour accoucher, mais elles sont mortes, sans explications claires de la part du personnel médical. Un autre décès similaires avait eu lieu dans le même établissement des jours avants.
L’Association marocaine des droits de l’homme et des derniers publics a appelé les autorités à ouvrir une enquête pour déterminer les véritables causes de ces décès et tenir responsables ceux qui ont fait preuve de négligence ou sont impliqués dans cette affaire. L’association a également demandé à la direction de la clinique privée de publier un communiqué officiel pour éclaircir les circonstances des drames auprès de l’opinion publique, afin de renforcer la confiance dans le système de santé.
L’association a également appelé à un renforcement du contrôle médical sur les cliniques privées afin de garantir le respect des normes médicales et la sécurité des patients. Elle a, dans ce sens, qualifié l’incident de tragique et inacceptable, et a confirmé qu’elle suivrait de près l’affaire jusqu’à ce que la vérité soit établie et que justice soit rendue aux familles des victimes.
Les autorités ont rapidement réagi. Une enquête a été ouverte lundi dernier par les services judiciaires compétents, visant particulièrement les responsables du service de maternité et les anesthésistes.
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Joint par H24Info, Dr Tayeb Hamdi, médecin et chercheur en politiques et systèmes de santé, souligne que des efforts considérables ont été déployés pour réduire les décès maternels, que ce soit pendant l’accouchement ou au cours des six semaines qui suivent. «En 20 ans (2000-2020) au Maroc, la mortalité maternelle a baissé de 70%, mais reste encore élevée de plus de 600% par rapport à la moyenne des pays développés. Le nombre de décès maternels était passé de 244 pour 100.000 naissances vivantes en 2000 à 72 en 2020, ce qui témoigne d’un progrès significatif grâce aux améliorations dans la prise en charge des femmes enceintes. Cependant, il reste encore beaucoup à faire».
A propos des décès survenus dans la clinique privée à Casablanca, notre expert estime qu’«il est prématuré de se prononcer sans disposer d’informations nécessaires pour établir un avis éclairé. En règle générale, les décès liés à la césarienne sont souvent dus à des complications liées à l’anesthésie, aux infections ou aux accidents thrombo-emboliques». Néanmoins, «nous pouvons écarter les causes hémorragiques, car, en principe, les femmes subissant une césarienne dans un établissement de santé sont opérées par un chirurgien qualifié, ce qui permet de contrôler efficacement les risques hémorragiques».
Dr Hamdi insiste enfin sur le fait que «bien que la césarienne soit parfois perçue comme une solution facile, notamment en raison de son caractère plus pratique et moins contraignant pour l’établissement, elle comporte des risques non négligeables pour la vie des mères et des bébés. Elle ne doit donc être pratiquée que lorsqu’elle est véritablement indiquée, car c’est dans ces circonstances qu’elle peut réellement sauver des vies.»