Attrape-t-on « froid » vraiment à cause du froid ?
Il fait froid. Vraiment très froid. Et ce mercredi, pas de jaloux : la nuit et le matin, il caille partout, du Nord au Sud. « Ce début de semaine est marqué par une chute du mercure, associée à des gelées parfois fortes et quasiment généralisées sur le pays », confirme Météo-France, qui a relevé ce mardi des « températures froides au réveil » y compris dans le Sud, moins habitué à ce que le mercure soit négatif. « On a relevé par exemple -7,3 °C à Salon et -8,4 °C à Béziers cette nuit. Des minimales généralement 7 à 10 °C en dessous des normales pour un mois de janvier ».
Un « froid classique pour la saison, avec des températures similaires à janvier 2024 ou encore février 2023 », poursuit Météo-France. Et les températures vont rester fraîches cette semaine. Alors, pendant que la France grelotte, il y a une généralisation des coups de froid. Tout le monde ou presque a la crève. Dans le métro ou au bureau, ça renifle, ça tousse et ça éternue (sortez vos mouchoirs et vos masques). Mais quand on « attrape froid », est-ce vraiment à cause du froid ?
Les effets délétères du froid sur l’immunité
« Met ton bonnet et ton écharpe, sinon tu vas attraper froid ! » Que ce soit nos mères ou nos grands-mères, nous avons toutes et tous reçu ce conseil de bien nous couvrir quand les températures chutent. Mais est-ce vrai ? Longtemps, les experts ont considéré que si l’on tombe davantage malade l’hiver, c’est parce que lorsque les températures chutent, « nous vivons davantage dans des espaces fermés où l’air n’est que très peu renouvelé ; et d’autre part, certains virus, comme la grippe, résistent mieux à basse température », rappelle la Fondation pour la recherche médicale (FRM).
Mais ce ne sont pas les seules explications. « On sait désormais que le froid affecte notre immunité, ajoute le Dr Jérôme Marty, médecin généraliste et président de l’Union française pour une médecine libre (UFML). Le fait de respirer un air très froid va fragiliser les muqueuses en les asséchant. Bien se couvrir est donc un conseil de bon sens ». On n’hésite donc pas à remonter son écharpe sur la bouche et le nez quand les températures sont glaciales.
C’est d’ailleurs ce que confirme une étude publiée fin 2022 dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology, selon laquelle l’exposition au froid affecterait notre immunité au niveau du nez. « Lorsque nous inhalons de l’air froid, notre muqueuse nasale a tendance à produire moins de défenses immunitaires face à une attaque virale, résume la FRM. Et plus précisément, des petites vésicules contenant diverses protéines et des ARN messagers qui ont une action antimicrobienne. Ainsi, chez des volontaires en bonne santé exposés à l’air ambiant, puis à seulement 4,4 °C pendant quinze minutes, les chercheurs ont observé une diminution de près de 42 % de la sécrétion de ces vésicules qui constituent une première ligne de défense contre les bactéries et les virus ». Et « l’assèchement des muqueuses fragilise notre immunité face aux virus parce que cela favorise la nidation des virus, complète le Dr Marty. Normalement, le mucus, que l’on crache, sert à expulser les corps étrangers, mais aussi les germes. Si les muqueuses sont trop asséchées pour en produire, les virus ne sont pas délogés ».
Se prémunir contre le coup de froid
En se couvrant bien, on s’offre déjà une première protection contre les coups de froid. Mais d’autres mesures permettent de s’en prémunir. Quand le thermomètre plonge, on a tendance à moins aérer son intérieur pour conserver la chaleur. Or, « en période de forte circulation virale, c’est là qu’il faut aérer beaucoup plus, insiste le Dr Marty. Que ce soit à la maison, au travail ou n’importe quel espace clos, si des personnes malades aérosolisent du virus et que tout le monde reste à l’intérieur sans que l’air ne soit renouvelé, la charge virale grimpe en flèche et les personnes qui n’étaient pas malades respirent du virus et se contaminent. D’où l’importance d’aérer pour diminuer la concentration virale dans l’air ».
On aère plus donc, et « on mange plus, et on boit plus, ajoute le médecin généraliste, parce que le froid est une dépense énergétique et fatigue l’organisme. Le corps a alors besoin de plus d’énergie pour réagir face au froid et aux virus ». Soupe, bouillon et eau à volonté permettront de se réhydrater. Et si ce froid glacial justifie que l’on se fasse plaisir avec des plats réconfortants et roboratifs, on n’oublie pas non plus sa ration quotidienne de fruits et légumes de saison pour couvrir ses besoins en vitamines et minéraux, bons pour renforcer l’immunité.
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Et s’il est un enseignement que l’on est censé avoir tiré du Covid-19, alors que la grippe est actuellement en circulation record, c’est de respecter les gestes barrières. Or, dans les transports comme au travail, nombreux sont ceux et celles qui toussent et éternuent le nez et la bouche découverts. « Evidemment, c’est quand on est malade qu’on est censé mettre un masque pour protéger les autres, rappelle le Dr Marty. Mais la plupart du temps, quand on tombe malade, on ne le sait pas tout de suite. Ainsi, les personnes qui contractent la grippe sont contaminantes un jour avant l’apparition des symptômes. Donc, dans la période actuelle de circulation virale, dans tous les endroits où il y a une concentration importante de population, on met un masque pour protéger les autres si on est malade, et on en met un pour se protéger soi ! »