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Déclaration de politique générale de Bayrou: retraites, santé, budget… Ce qu’il faut retenir

Une négociation très attendue mais peu d’annonces concrètes: dans sa déclaration de politique générale mardi devant l’Assemblée, le Premier ministre François Bayrou s’est engagé à rouvrir le « chantier » des retraites mais s’est peu avancé sur les autres sujets.

Deux ans après la réforme adoptée au forceps par sa prédécesseure Elisabeth Borne, François Bayrou a « choisi de remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref ».

Dans l’immédiat, le Premier ministre va demander à la Cour des comptes via « une mission flash de quelques semaines » de présenter « l’état actuel et précis du financement du système de retraites ».

En parallèle, « une délégation permanente sera créée », a indiqué Bayrou, qui « réunira dès vendredi » cette instance. Il « proposera aux représentants de chaque organisation de travailler autour de la même table (…) pendant trois mois, à dater du rapport de la Cour des comptes ».

« Nous pouvons, j’en ai la conviction, rechercher une voie de réforme nouvelle, sans aucun totem et sans aucun tabou, pas même l’âge de la retraite », a-t-il assuré, à la seule « condition » de ne pas « dégrader l’équilibre financier » du système de retraites.

« Si au cours de ce conclave » émerge « un accord d’équilibre et de meilleure justice, nous l’adopterons », a-t-il affirmé, fixant comme « échéance » le prochain budget de la Sécurité sociale à l’automne. A défaut, « c’est la réforme actuelle qui continuerait de s’appliquer ».

Bayrou a appelé le Parlement à « adopter sans tarder » les deux budgets de l’État et de la Sécurité sociale, en suspens depuis la censure du gouvernement Barnier début décembre.

« Cette précarité budgétaire, nous la payons tous au prix fort », a souligné le Premier ministre, avant de revoir en baisse la prévision de croissance de l’économie pour 2025, de 1,1% à 0,9% du PIB.

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Le déficit public est désormais attendu à 5,4%, contre 5% précédemment, mais toujours avec l’objectif de le ramener en 2029 au maximum de 3% toléré par la Commission européenne.

Pour y parvenir, « des économies importantes seront proposées », a indiqué Bayrou, sans plus de précision, avant d’annoncer « la création d’un fonds spécial entièrement dédié à la réforme de l’État » et financé par la vente « d’une partie de ses actifs, en particulier immobiliers ».

Pas de rabot sur le remboursement des médicaments et des consultations médicales. « La mesure de déremboursement » envisagée par Michel Barnier puis abandonnée sous la pression du RN « ne sera pas reprise », a fait savoir Bayrou.

Au contraire, le gouvernement proposera « une hausse notable » des dépenses de santé afin « d’améliorer les conditions de travail des soignants et de protéger les plus fragiles », a ajouté le chef du gouvernement, ouvrant la voie à une progression supérieure aux 2,8% déjà proposés à l’automne.

Le Premier ministre a confirmé au passage « le remboursement intégral des fauteuils roulants dès 2025 », promesse formulée par Emmanuel Macron il y a bientôt deux ans.

Bayrou a remis sur la table un sujet qui lui tient à coeur en proposant « d’avancer sur la réforme du mode de scrutin » aux élections législatives, avec « l’adoption du principe proportionnel pour la représentation du peuple » tout en restant « enraciné dans les territoires ».

Cette réforme « nous obligera à reposer en même temps la question de l’exercice simultané d’une responsabilité locale et nationale », a-t-il poursuivi, reprenant à son compte la position du président du Sénat, Gérard Larcher, en faveur d’un retour du cumul des mandats.

Le Premier ministre a également relancé une autre de ses idées: celle d’une « banque de la démocratie » pour que les partis politiques puissent se financer auprès d’ »organismes publics » et « ne dépendent plus de choix de banques privées ».

Soucieux d’accorder « une place centrale » aux collectivités locales, Bayrou a confirmé que l’effort qui leur sera demandé dans le budget 2025 sera ramené de « 5 à 2,2 milliards d’euros ».

Sur le cas spécifique de la Corse, le Premier ministre a également promis de « respecter » le calendrier « pour aboutir à une évolution constitutionnelle fin 2025 ».

De même pour la Nouvelle-Calédonie, il a souhaité « que le processus politique reprenne avec des négociations qui devront aboutir à la fin de ce trimestre » et annoncé qu’il « invitera en janvier les forces politiques à venir à Paris pour ouvrir ces négociations ».