Strasbourg : « On se dit que ça peut recommencer »… Où en est-on trois jours après l’accident de trams ?
Barrières fermées, rideaux tirés. A la gare de Strasbourg, l’accès aux étages inférieurs est impossible depuis samedi. Depuis que deux trams sont entrés en collision à l’arrêt qui dessert ce haut lieu de passage. Le choc a eu lieu d’une manière peu courante : une rame est repartie en arrière depuis la montée qui mène au centre-ville, pour ensuite venir percuter celle qui la précédait et était encore à quai. Bilan : 68 blessés « en urgence relative », selon le décompte officiel de la préfecture.
Trois jours plus tard, le trafic n’est toujours pas revenu à la normale. Que ce soit à la gare donc, ou aux arrêts les plus proches, aucun tram A ou D ne circule. Des bus de remplacement ont été mis en place de chaque côté et permettent aux voyageurs de profiter pleinement du réseau. Enfin…
« Faut bien continuer à vivre »
« C’est souvent rempli, il y a peu de place », note Chérine sans râler. La jeune fille l’avoue, elle a « un peu peur quand même » depuis cet accident. « Je suis une habituée de la ligne car ma grand-mère habite de l’autre côté de la gare. Maintenant que c’est arrivé, on se dit que ça peut recommencer », détaille-t-elle avant de reprendre un tram. « Je n’ai pas le choix de toute façon, je vais continuer à utiliser les transports en commun. »
Un peu plus loin sur la place, Odette fait face aux mêmes obligations. « Faut bien continuer à vivre et espérer que ça ne se reproduise pas », énonce avec flegme la retraitée, visiblement pas plus ébranlée que ça. Au contraire de Bogdan, énervé par le sujet. « C’est très inquiétant, comment ça a pu arriver avec toutes les normes de sécurité qui existent aujourd’hui ? », s’interroge-t-il sans connaître les derniers détails de l’enquête.
Le directeur général de la Compagnie des transports strasbourgeois (CTS) a ainsi donné de premières explications lundi. La rame à l’origine de l’accident ne disposait pas d’un dispositif l’empêchant de partir en arrière, a indiqué Emmanuel Auneau à Ici Alsace. « C’est une rame qui date des années 2000, et ce système n’existait pas à l’époque. [Mais] elle est tout à fait conforme et homologuée pour circuler sur le réseau. »
Bientôt « l’extraction des rames »
« Alors maintenant, ils vont tous les équiper ! », réagit Bogdan en l’espérant fortement. La CTS n’a pas communiqué sur le sujet, tout comme elle n’a donné de date de retour à la normale du trafic. « Plusieurs jours seront nécessaires pour rétablir la circulation des lignes A et D à cette station », avait-elle écrit dans un communiqué dès samedi.
Il faudra déjà extraire les deux trams accidentés toujours sur place… Là encore, le calendrier n’est pas fixé mais pourrait vite s’accélérer. « Les équipes techniques ont pu démarrer ce matin (mardi) les opérations préparatoires à leur extraction (..) Plusieurs jours seront nécessaires pour réaliser leur dégagement du tunnel », a écrit la compagnie. Qui propose aussi, à toutes les victimes de l’accident, de venir récupérer d’éventuels effets personnels oubliés.
Deux enquêtes sont en cours
Sur place, c’est-à-dire au service des objets trouvés situé au parking relais Rotonde, peu de personnes se sont jusque-là présentées. C’était encore très calme ce mardi. « Comme hier », à en croire les agents, très nombreux sur le terrain. Difficile en effet de rater ces gilets jaunes et orange fluo aux arrêts Homme de Fer, Gare et Rotonde. Tous sont là pour aiguiller les passagers, pour la plupart un brin déboussolés par les changements. « Mais on s’adapte », sourit une voyageuse à 20 Minutes. Elle devra encore prendre sur elle un moment : « une reprise normale de l’exploitation ne paraît pas envisageable avant la fin janvier », a indiqué la CTS ce mardi soir.
Deux enquêtes ont par ailleurs été ouvertes. Une par le parquet « du chef de blessures involontaires » ; une autre par le Bureau d’enquête sur les accidents de transport terrestre. Un long travail d’analyse est déjà en cours. Des techniciens « parcourent le tunnel sur la partie qui va vers la place des Halles, et regardent toutes les traces, sur les rails, sur les installations, pour essayer de comprendre », a encore détaillé Emmanuel Auneau. « Dans un deuxième temps, ils vont analyser toutes les données techniques enregistrées par le tramway. On appelle ça une boîte noire, pour savoir si les freins ont bien fonctionné, sur quel bouton le conducteur a appuyé… »
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Les deux conducteurs des trams, justement, « n’ont pas été blessés, mais ils demeurent très choqués par ce qu’il s’est produit », a encore écrit la CTS ce mardi à la suite de son Comité social et économique exceptionnel. Autant que cet accident.