Liban: le nouveau Premier ministre tend la main à tous les partis pour sauver le pays
Le nouveau Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a déclaré mardi qu’il tendait la main à tous les partis politiques pour aider à « sauver » son pays en crise, avant d’organiser des pourparlers pour former un gouvernement.
De nombreux défis attendent le futur gouvernement de M. Salam, qui a promis d’ouvrir un « nouveau chapitre », à commencer par la consolidation du cessez-le-feu fragile conclu fin novembre entre le Hezbollah pro-iranien et Israël après deux mois de guerre ouverte.
« Je ne suis pas un homme qui exclut, mais un homme qui rassemble », a déclaré M. Salam dans un discours prononcé depuis le palais présidentiel, ajoutant « tendre la main à tous pour débuter ensemble la mission de sauvetage, de réformes et de reconstruction ».
Les consultations parlementaires pour former un nouveau gouvernement débuteront mercredi, un exercice qui peut prendre des mois dans ce pays divisé politiquement.
Le Hezbollah s’est opposé par le passé à toute proposition de nomination de M. Salam au poste de Premier ministre, mais le mouvement a été affaibli par la guerre contre Israël.
Cela a permis l’élection la semaine dernière du président Joseph Aoun, sous la pression notamment de Washington et Ryad, et la nomination rapide de M. Nawaf lundi, selon des analystes, confirmant le grand changement dans le paysage politique libanais auparavant dominé par le Hezbollah.
« Les principaux défis aujourd’hui sont de faire face aux conséquences de l’agression récente », a déclaré M. Salam, après la guerre qui a détruit des pans entiers du sud du pays, de l’est, et de la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah.
Il s’est engagé à reconstruire ces régions, « faire régner l’autorité de l’Etat libanais sur l’ensemble de son territoire », et « travailler sérieusement à la mise en œuvre complète de la résolution 1701 et de tous les termes de l’accord de cessez-le-feu ».
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L’accord stipule que seules les troupes libanaises et la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) peuvent être armées dans le sud du pays et exige que les troupes israéliennes se retirent du territoire libanais.
Le président Joseph Aoun, qui a appelé à une formation rapide du gouvernement, a déclaré mardi lors de sa rencontre avec une délégation du Conseil islamique chiite suprême que lorsque qu’ »une composante se brise, c’est le Liban tout entier qui se brise. »
« Aucune entrave ne doit être faite à la formation du gouvernement », a-t-il ajouté, soulignant que cela ouvrirait la voie à « la reconstruction en toute transparence. »
Salam aura également la tâche de mettre en œuvre des réformes dont le pays a désespérément besoin après plus de cinq ans de crise économique sans précédent.
Le Premier ministre a souligné que le gouvernement qui sera formé devra « concevoir un programme global pour édifier une économie moderne et productive », les cabinets précédents n’ayant pas mis en place les réformes demandées par la communauté internationale pour redresser le pays.
« Nous avons vécu sous une gestion défaillante, marquée par le clientélisme et rongée par la corruption. Il est temps de la rejeter et de la mettre au service du peuple », a-t-il déclaré, promettant « un Etat efficient et juste. »
Selon lui, « tout cela ne peut être évoqué avant que nous fassions tout notre possible pour rendre justice aux victimes de l’explosion au port de Beyrouth » en 2020.
Cette gigantesque déflagration a fait plus de 220 morts et ravagé des pans entiers de la capitale, mais aucune avancée concrète n’a été réalisée dans les enquêtes après plus de quatre ans, du fait des ingérences politiques.
Il a appelé les forces politiques à coopérer pour entamer un « nouveau chapitre ».