Belgique

Dave Sinardet : « Président de parti et vice-Premier à la fois? Ce cumul me gêne, il faut tenir une certaine hygiène démocratique dans ce pays »

Tous les présidents de parti qui négocient l’Arizona (N-VA, MR, Les Engagés, CD&V, Vooruit) devraient participer au futur gouvernement fédéral. Telle est l’invitation que formulait il y a quelques jours le président du MR Georges-Louis Bouchez à l’adresse de ses collègues. Son argument : garantir l’efficacité de l’exécutif en ces temps de crises, en propulsant ministres ceux qui ont négocié l’accord gouvernemental. Bonne ou mauvaise idée ? « La Libre » a posé la question à Dave Sinardet, Professeur de sciences politiques à la VUB et à l’UCLouvain Bruxelles.

Political scientist Dave Sinardet pictured during an Iftar meal, the evening meal when Muslims end their daily Ramadan fast at sunset, organized by Fedactio, at the Hilton Hotel Old Town, in Antwerp, on Monday 11 March 2024. BELGA PHOTO DIRK WAEM
Dave Sinardet, Professeur de sciences politiques à la VUB et à l’UCLouvain Bruxelles.

Vous vous dites favorable à l’idée de faire monter les présidents de parti au gouvernement. Pour quelles raisons ?

Oui, j’y suis favorable tout en émettant quelques réserves. Je m’explique. Quoi que l’on en dise, les présidents de parti sont les figures qui ont aujourd’hui le plus de pouvoir sur la scène politique belge. On le sait, ce sont eux qui négocient l’accord de gouvernement mais, ensuite, ils ne deviennent pas ministres. Dans l’ombre, ils restent pourtant les figures dominantes tandis que certains vice-Premiers n’ont finalement que peu de poids, de marge de manœuvre pour prendre des décisions au nom de leur parti au sein de l’exécutif. À titre d’exemple, ce fut le cas au sein de la Vivaldi lorsque Pierre-Yves Dermagne (PS) devait fréquemment en référer à Paul Magnette, son président de parti. Idem entre David Clarinval (MR) et son président Georges-Louis Bouchez. Déjà au temps du pacte d’Egmont les présidents de parti éclipsaient le gouvernement.