Open d’Australie : Le 25e titre en Grand Chelem, la marche de trop pour Novak Djokovic ?
Andy Murray a arrêté le tennis, pas l’humour. Invité à s’exprimer sur son passé de joueur à l’Open d’Australie, le Britannique en a profité pour chambrer Novak Djokovic, dont il est désormais l’entraîneur à l’aube du premier tournoi du Grand Chelem de la saison. « J’ai quand même joué quelques fois ici, oui, mais je n’ai jamais réussi à aller au bout. Et cet homme en est le principal responsable, a-t-il dit en pointant du doigt l’ancien n°1 mondial. Je suis là maintenant pour saboter ses chances d’en gagner un autre. » Au cas où la collaboration entre les deux hommes virerait à l’échec, le Serbe pourra toujours s’y référer au premier degré.
La réalité, c’est que Murray veut du bien à Djokovic, à qui il exige une transparence totale. « Désormais, on joue cartes sur table, c’est ce qu’il souhaite et je soutiens à 100 % cette façon de communiquer qui consiste à tout partager », expliquait Nole vendredi. Sans doute était-il crucial, pour l’Ecossais, de connaître l’état émotionnel d’un homme désespérément seul sur son Olympe, abandonné il y a peu par son plus grand adversaire. « Une part de moi est partie avec [mes rivaux] », avait avoué le Serbe au mois d’octobre, à l’annonce du départ à la retraite de Rafael Nadal. Une part de lui qu’il a sûrement cherché à retenir en s’entourant de Sir Andy.
Djoko seulement tête de série numéro 7 à Melbourne
S’il veut compléter sa dernière quête pour « platiner » le jeu tennis en allant chercher un 25e titre en Grand Chelem et envoyer dans le rétro cette grande dame problématique qu’est devenue Margaret Court, le Djoker n’a pas d’autre choix que de cultiver son feu sacré aussi loin qu’il le pourra. Il a cherché à le préserver en mettant fin prématurément à sa saison 2024 après une dernière défaite en finale à Shanghaï contre Jannik Sinner, en octobre, et en partant en vacances aux Maldives alors que les finales ATP se profilaient. « Turin n’est pas du tout mon objectif pour être honnête, déclarait-il alors. Je ne cours pas après le Masters, je ne cours pas après le classement. De mon point de vue, j’en ai fini avec ces tournois. »
Son interview récemment accordée à GQ accrédite la thèse d’un Djokovic focalisé sur les majeurs. Les Masters 1000, il en fera quand ça lui chantera, c’est-à-dire a priori pas sur terre battue, la surface la plus exigeante pour lui, la plus exigeante tout court. Mais cela signifie perdre des points, écoper de pénalités, continuer de perdre des places au classement ATP et in extenso s’exposer à des tirages compliqués en Grand Chelem.
A Melbourne, il sera tête de série numéro 7. La malchance aurait pu lui réserver un tableau infernal avec Alcaraz et Sinner sur sa route avant la finale. Ce sera finalement seulement l’Espagnol, en partant du principe que les deux hommes se donnent rendez-vous en quarts. Avant ça, Djokovic devra possiblement franchir le géant Reilly Opelka, son bourreau en demies à Brisbane. Il faut se le farcir, le servebot.
Quant à Alcaraz, il a également des comptes à régler avec l’histoire à Melbourne : en cas de succès final, il deviendrait le plus jeune joueur de l’histoire à réaliser le Grand Chelem en carrière, détrônant Rafael Nadal. De quoi corser la mission même si Nole a démontré aux JO qu’il était toujours capable de manger le cerveau de Carlitos. C’est moins vrai pour Jannik Sinner, qu’il n’a pas battu une fois en 2024. Sans un coup de pouce du Tribunal arbitral du Sport, le 25e sera donc dur à aller chercher.
Nole se « sent encore capable de battre les meilleurs »
Quelque part, le plan de fin de carrière imaginé par Djokovic dépend de son parcours en Australie, où il a des points à défendre jusqu’aux demies. Un flop en première semaine lui garantirait un tour de toboggan hors du top 10, donc des tournois potentiellement plus difficiles à un âge où il devient plus dur d’enchaîner les grosses affiches. Là encore, les calculs pour le 25e titre ne seraient pas bons. Et comme il apparaît clair qu’il s’agit de son dernier moteur, la fin serait alors rapide. « Si je commence à perdre davantage et à sentir un fossé se creuser, que je montre plus de difficultés à surmonter les obstacles des Grands Chelems, alors j’en resterai probablement là », a-t-il déjà prévenu.
Pour l’instant, le Serbe paraît toujours aussi sûr de sa force. « Si je me sens encore capable de battre les meilleurs joueurs du monde, pourquoi arrêter maintenant ? » Sinner et Alcaraz ont leur jeunesse, Djokovic a pour lui l’éternité. Que le meilleur gagne.