L’Agence spatiale européenne dévoile des photos inédites de la surface de Mercure et espère percer ses mystères
L’Agence spatiale européenne (ESA) a dévoilé ce jeudi, lors de sa conférence de presse de début d’année, les dernières images de la mission BepiColombo, qui a survolé de très près Mercure, encore peu étudiée.
Ce survol, à seulement 295 kilomètres d’altitude du pôle nord de la planète – plus près que l’ISS, qui orbite à environ 400 kilomètres au-dessus de la Terre –, est le sixième et dernier de la mission. Il fait partie de la manœuvre d’assistance gravitationnelle qui doit permettre à l’engin de se mettre en orbite autour de Mercure fin 2026.
Plongée dans les cratères de Mercure
Sur les images captées par les caméras M-CAMs embarquées à bord de BepiColombo, on peut voir de très près les cratères de Mercure, notamment ceux situés à la limite jour nuit de la planète. « L’engin a eu l’opportunité unique de voir à l’intérieur des cratères plongés dans l’ombre en permanence, au pôle nord », détaille l’ESA dans son communiqué (en anglais).
Ces cratères, « parmi les endroits les plus froids du système solaire » d’après l’agence spatiale, sont particulièrement intéressants car ils contiendraient de l’eau gelée. Déterminer s’il y a de l’eau sur Mercure est l’un des objectifs de la mission BepiColombo, composée de deux orbiteurs, Mercury Planetary Orbiter, de l’ESA, et Mercury Magnetospheric Orbiter, de l’Agence spatiale japonaise (Jaxa). Ils se sépareront du module qui les a transportés vers Mercure depuis la Terre quand celui-ci aura atteint sa destination, fin 2026.
Activité volcanique
Les images dévoilées mercredi témoignent aussi de l’activité volcanique de Mercure. Elles dévoilent notamment Borealis Planitia, « vastes plaines volcaniques » lisses formées par une grande éruption de lave coulante il y a 3,7 milliards d’années. L’une des images « montre que ces plaines s’étendent sur une large partie de la surface de Mercure », précise l’ESA.
Cette activité volcanique est très importante dans l’étude de la planète car elle est, avec les impacts, un élément qui apporte de la matière lumineuse sur cet astre particulièrement sombre, d’après l’Agence spatiale européenne. « Pendant sa mission, BepiColombo mesurera la composition des parties nouvelles et des parties plus vieilles de la surface de la planète, explique-t-elle. Cela nous apprendra de quoi Mercure est composée et comment la planète s’est formée. »
Des survols précieux
Si les survols de la planète, dont le premier a eu lieu en octobre 2021, ne sont pas la partie principale ni l’objectif de la mission lancée le 20 octobre 2018, ils ont fourni « des informations inestimables » sur Mercure, d’après Geraint Jones, le scientifique du projet BepiColombo à l’ESA, qui a indiqué que « l’équipe [allait] travailler dur pour élucider un maximum de mystères de Mercure à l’aide des informations récoltées ».
Grâce aux données que rassembleront les deux sondes à partir de début 2027 et pendant au moins un an, la mission espère trouver des réponses aux nombreuses inconnues de la planète. Outre la question de la présence ou non d’eau et de l’origine de la planète et sa composition, il s’agira de déterminer pourquoi Mercure a un champ magnétique, ce que sont les mystérieux « creux » à sa surface, pourquoi elle est si sombre et si elle est « vivante ». Rien que ça.