Immobilier : « On passe du rouge à l’orange »… Le marché semble enfin se décrisper mais pas trop quand même
Va-t-on enfin sortir de la crise immobilière que connaît la France depuis un an ? Le marché́ immobilier termine l’année 2024 en bien meilleure forme qu’il ne l’a commencé́ selon les données des spécialistes. Alors qu’en septembre, tout laissait encore à penser que le nombre de ventes réalisées en 2024 ne dépasserait pas les 750.000, ce chiffre devrait finalement se rapprocher des 800.000, selon le baromètre de SeLoger. Encore bien loin pourtant des années précédentes. Bernard Cadeau, ancien président du réseau Orpi, spécialiste du logement et du marché immobilier commente pour 20 Minutes, la tendance qui se veut plus rassurante qu’en 2024.
Que s’est-il passé pour que le marché s’effondre ?
Il y a eu plusieurs éléments qui se sont conjugués. Le fond de l’affaire structurellement, c’est que le marché immobilier français est déséquilibré. Il n’y a pas assez de logements et trop de demandes. C’est une constante depuis des années. Là-dessus, s’est rajouté un premier phénomène qui est le renchérissement des taux de crédit. On est passé il y a deux ans et demi à 1 % de taux d’intérêt à 4 % aujourd’hui. Le pouvoir d’achat des clients s’est contracté. Les acheteurs ont perdu entre 20 et 25 % de pouvoir d’achat. Les vendeurs pendant ce temps-là, n’étaient pas forcément au juste prix qui permettait de vendre. Tout cela a contracté le marché. Depuis juin dernier, les gens ne savent pas trop à quel saint se vouer et en matière de politique du logement il n’y a rien qui est fait. Ensuite, le marché de la construction neuve s’est également écroulé à cause du coût de production qui a fortement augmenté. Enfin, il y a un dernier phénomène qui vient d’arriver : l’affaire des diagnostics des performances énergétiques. Il va y avoir de moins en moins de logements à louer à cause des passoires thermiques. Ça va encore compliquer les choses.
Qu’est ce qui a permis au marché de se décrisper ?
Ça repart timidement parce que les banquiers sont de nouveau sur le marché, ils vont à la conquête de nouveaux clients et font des efforts sur l’accès aux crédits. Les vendeurs acceptent des propositions de prix qui sont inférieurs au prix de la mise en vente. Cela fluidifie un peu le marché. Mais cela va dépendre beaucoup de la stabilité politique et les mesures et signaux qui vont être envoyés. Sous le gouvernement Barnier, par exemple, le ministre du logement avait lancé des pistes intéressantes comme l’extension du prêt à taux 0 sur toutes les zones du territoire. Une mesure qui peut débloquer le marché mais le climat n’est pas à la confiance.
Est-ce que les voyants sont au vert pour une reprise stable ?
Objectivement, il pourrait y avoir des bons signaux, parce qu’on sait que l’inflation va diminuer, et les taux d’intérêt avec. Mais au quotidien, on sent bien que la confiance n’est pas là. On peut dire, aujourd’hui que les voyants passent du rouge à l’orange et qu’il peut y avoir des petits clignotants verts à droite et à gauche mais nous ne sommes pas sur des feux verts partout. Là où on peut vraiment attendre quelque chose de concret, c’est sur le deuxième semestre de l’année. Il va y avoir plein de phénomènes externes à la France comme des changements politiques (USA, Allemagne) ou une évolution possible de la politique monétaire qui vont jouer sur les mécanismes financiers. La ligne d’horizon est plutôt dégagée sauf catastrophe, mais ce ne sera pas pour tout de suite