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Mais enfin, Donald Trump envisage-t-il sérieusement d’annexer le Groenland ?

Mardi, Donald Trump Junior, fils du futur 47e président des Etats-Unis, a effectué une visite au Groenland. Présentée comme touristique, elle intervient alors que, comme il l’avait déjà fait en 2009 lors de son premier mandat, Donald Trump a assuré il y a environ un mois que prendre le contrôle du Groenland, territoire autonome danois situé à 2.500 km de Copenhague, était une question de « nécessité absolue » pour la « sécurité nationale et la liberté à travers le monde ».

Mardi, le milliardaire américain a même ajouté qu’il n’écarte pas l’idée d’une annexion par l’armée de ce qui est la plus grande île du monde. Une nouvelle provocation pour ce trublion politique ou une ébauche de discours de politique générale à ne pas prendre à la légère ? 20 Minutes fait le point.

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Trump lorgne-t-il sur les ressources naturelles de l’île ?

L’île arctique a été colonisée par les danois au XVIIe siècle et elle est autonome depuis 1979. Les sujets régaliens restent sous l’autorité de Copenhague, à qui elle doit toujours un cinquième de son PIB annuel. En 2009, les 56.000 habitants de ce territoire de 2,2 millions de km2, ont acquis le droit de demander leur indépendance.

Si la prospection pétrolière et l’exploitation de l’uranium sont interdites sur l’île arctique, elle abrite des ressources naturelles importantes : des gisements de pétrole et 43 des 50 terres rares utiles aux nouvelles technologies. La fonte des glaces ouvre de nouvelles voies maritimes, notamment empruntées par la Chine, un géant économique en concurrence avec les Etats-Unis, souligne aussi Le Figaro.

Ou veut-il renforcer sa position géostratégique ?

Les Etats-Unis y ont installé en 1943 la base spatiale de Pituffik, dernière base militaire américaine avant le cercle polaire. Derrière les effets d’annonce tonitruants de Donald Trump, Richard Johnson, spécialiste des États-Unis à la Queen Mary University de Londres interviewé par France 24, estime qu’il faut y lire sa volonté de contraindre le Danemark à dépenser plus pour la sécurité de la base américaine au Groënland.

Courrier International rapporte que d’anciens conseillers du républicain et des membres actuels de son entourage ont précisé au quotidien conservateur The Wall Street Journal que les déclarations de Donald Trump « ne devraient pas être prises au pied de la lettre » au sens où il s’agit principalement pour le milliardaire d’influencer les pays concernés pour obtenir des avantages économiques ou sécuritaires et de façon plus globale « freiner l’influence de la Russie et de la Chine ».

Comment réagissent le Danemark et la communauté internationale ?

« Le Groenland nous appartient. Nous ne sommes pas à vendre et nous ne serons jamais à vendre », a rétorqué le Premier ministre du Groenland, Mute B. Egede après les déclarations de Trump. « Le Groenland est aux Groenlandais », a confirmé ce mardi la Première ministre danoise Mette Frederiksen. De son côté, le roi du Danemark avait ordonné lundi une mise à jour des armoiries du royaume afin de mieux mettre en valeur le Groenland, rapporte France 24.

Il n’est « pas question » que l’Union européenne laisse des pays « s’en prendre à ses frontières souveraines », a réagi mercredi le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot. La porte-parole du gouvernement français a, elle, évoqué « une forme d’impérialisme ». « Plus que jamais, nous devons, avec nos partenaires européens, être conscients, sortir d’une forme de naïveté, se prémunir, se réarmer », a-t-elle ajouté lors du compte rendu du Conseil des ministres.

Et si les réactions des pays concernés sont fermes c’est parce que le futur président américain reste imprévisible. Le politologue René Lindstädt, spécialiste de la politique américaine à l’université de Birmingham, pointe dans les colonnes de France 24 qu’il « sait qu’il n’a plus qu’un seul mandat pour laisser sa marque dans l’histoire des États-Unis et il peut avoir l’impression de pouvoir tout se permettre ».