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Vendée Globe 2024 : « J’ai lâché prise sur le classement »… La course difficile de la lanterne rouge Denis Van Weynbergh

Dans une petite semaine, Charlie Dalin et Yoann Richomme arriveront aux Sables-d’Olonne boucler un Vendée Globe record. Ils pourraient même repartir pour un deuxième tour du monde dans la foulée, qu’ils finiraient, peut-être, par rejoindre Denis Van Weynbergh. Le Belge, dernier de cette dixième édition de la course en solitaire et sans assistance, est arrivé dans le Pacifique il y a quelques jours et est désormais plus proche de l’arrivée que du départ.

A plus de 8.000 milles nautiques des leadeurs (14.000 km), le skippeur de D’Ieteren Group fait la course à son rythme, évitant les grosses dépressions, avec un seul objectif : devenir le premier belge à terminer le Vendée Globe, même si c’est à des années-lumière des autres participants. Mais l’ancien patron de PME le reconnaît, il n’a pas l’impression d’être le « même marin » que les autres.

Est-ce que vous vous préoccupez encore du classement ?

Au départ, je regardais beaucoup les classements et petit à petit, au début de l’océan Indien, vu que j’ai eu des problèmes, que j’ai pas mal bricolé, j’ai lâché prise sur le classement. La place de dernier, il en faut bien un, il faut l’assumer. C’est jamais facile, ni rigolo. C’est dommage d’être aussi loin. Mais sur un Vendée Globe, on sait qu’on peut être dernier, mais pas perdant. C’est vraiment une notion importante. Après, j’ai toujours été dans le bas du classement, je me doutais bien que je n’allais pas faire un top 10, même si j’aimerais bien être plus près de certains bateaux, pour être plus entouré.

Je fais mon Vendée Globe à ma sauce, et c’est ça qui compte. Je n’ai pas les compétences, ni l’envie d’aller dans des coups de vent très forts. S’il y a moyen de les éviter, je le fais. Peut-être que parfois je navigue de manière trop prudente, mais c’est la manière dont j’aime naviguer et qui me met dans une certaine zone de confort. De toute façon, moi, mon objectif, c’est de terminer le Vendée Globe, le classement ce n’est pas ça qui m’importe.

Avez-vous l’impression d’être dans la même course que les autres ?

Pas du tout. J’ai l’impression d’être dans un stade de foot, d’être spectateur et de regarder le match. Ou comme quand Makelele, au Real Madrid, disait qu’il passait la balle à Zidane et qu’il regardait ce qu’il se passait après. C’est un peu ça là. Après, je suis vraiment concentré sur moi, même si je regarde sur les réseaux ce qui se passe. Je n’ai même pas l’impression d’être le même marin que les autres, en tout cas les premiers. C’est un autre monde.

C’est devenu davantage une aventure qu’une course…

Le Vendée Globe, c’était d’abord une course pour moi, mais vu le contexte et les circonstances, c’est devenu une aventure personnelle, initiatique et philosophique. Je dois apprendre la patience et, à 57 ans, c’est difficile. C’est tout aussi enrichissant.

Est-ce qu’on doute plus quand on est dernier de la course ?

Tous les jours on passe par des moments de doute, forcément. Tous les jours, c’est dur mentalement, on passe par des hauts et des bas, des ascenseurs émotionnels, des joies et des tristesses. Il n’y a pas de juste milieu. Moi, j’essaie de canaliser ça et de voir le positif même quand il y a un moment où je doute ou un moment où je me demande ce que je fais là. Mais au final, c’est incroyable, je fais le Vendée Globe, c’est une chance unique, je me suis battu pendant six ans pour être là, il ne faut rien lâcher. Je n’ai pas pensé à abandonner, j’ai trop travaillé, trop donné de moi-même pour ça. Mais on a juste envie d’être déjà à l’arrivée. On envie les premiers car d’ici huit-dix jours, ils seront au resto, ils prendront une douche et ils dormiront dans un vrai lit. C’est ça qui est dur à gérer, le manque de ces petits conforts-là.

Quelle a été votre journée la plus compliquée à gérer ?

Quand j’ai perdu la girouette de tête de mât et que j’ai dû monter au mât dans les 24 heures. C’est assez effrayant de monter là-haut dans l’Indien, car on se fait ballotter comme un pantin. C’est super quand on est au-dessus, mais pour monter, c’est une vraie galère. J’ai fait trois tentatives et la dernière a duré trois heures. J’étais épuisé. Et quand on est en haut, il faut redescendre, et ce n’est pas rien, c’est aussi dangereux que de monter. Tu descends par tranches de cinquante centimètres et d’un coup tu fais trois mètres parce que la corde glisse. C’était assez impressionnant et très compliqué.

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Même si vous êtes dernier, arrivez-vous à prendre du plaisir ?

Toutes les journées sont belles sur le Vendée Globe. On se fait des petits plaisirs quand il y a un rayon de soleil, une petite lumière, quand il fait un peu plus chaud et qu’on peut se mettre dehors pour prendre le café. Ce sont des moments comme ça qui rendent les journées belles et on essaie de multiplier ces petits moments-là pour rendre les journées agréables dans des conditions qui sont parfois vraiment hostiles.

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Vous êtes près du point Nemo (le point de l’océan le plus éloigné de toute terre émergée), sans bateaux qui peuvent vous venir en aide en cas de problème. Cela vous inquiète ?

Ça ne me préoccupe pas trop. De toute façon, on est isolés, et j’avais le sentiment d’être plus isolé au milieu de l’océan Indien qu’ici. C’est vrai qu’on est loin de toute terre habitée, mais on sera très vite près du Chili, ça va aller assez vite. Je gère ça et je n’y pense pas vraiment.