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Nicolas Sarkozy jugé pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle

Le procès de l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy et de onze autres prévenus pour des soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle 2007 s’est ouvert lundi après-midi à Paris. L’ex-président encourt 10 ans de prison et 375 000 euros d’amende.

Un ancien chef de l’État et trois ex-ministres assis en ligne, côte à côte sur le banc des prévenus : c’est avec cette image inédite que s’est ouvert, lundi 6 janvier, le procès de Nicolas Sarkozy pour soupçons de financement illégal de sa campagne 2007 par la Libye de Mouammar Kadhafi.

Seuls prévenus à avoir choisi de s’assoir sur les strapontins du prétoire – les autres se sont installés au premier rang de la salle d’audience –, Nicolas Sarkozy et trois figures de son quinquennat, Brice Hortefeux, Claude Guéant et Éric Woerth, se sont levés tour à tour pour décliner leur identité.

Nicolas Sarkozy, 69 ans, est rôdé à l’exercice : c’est son cinquième procès en cinq ans. L’air grave, il s’est avancé vers la barre dans son costume bleu marine, a croisé ses mains devant lui, avant de donner au tribunal sa date et lieu de naissance, le nom de ses parents.

« Profession ? », lui demande la présidente Nathalie Gavarino. « Avocat ». Situation familiale ? « Je suis marié ». De nationalité française ? « Ma femme ? » Non, vous. « Ah oui », s’excuse l’ex-président dans un petit rire.

Nicolas Sarkozy était arrivé peu avant 13 h 30, entrant dans le brouhaha de la salle pleine à craquer après avoir passé, sans faire de déclaration, un mur de caméras.

Avant l’ouverture de l’audience, il a salué plusieurs personnes – son frère Guillaume est présent – puis discuté, debout dans le prétoire, avec ses anciens ministres.

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« Combatif » et « déterminé »

Douze hommes sont jugés au total. Parmi ceux présents au tribunal, Thierry Gaubert, un proche de Nicolas Sarkozy, et le discret intermédiaire Alexandre Djouhri.

Quatre sont absents : deux hommes d’affaires saoudiens, le Libyen Béchir Saleh (l’ancien directeur de cabinet de Mouammar Kadhafi) et le sulfureux intermédiaire libanais Ziad Takieddine, tous deux visés par un mandat d’arrêt.

En fuite au Liban, ce dernier à prétendu, sur RTL lundi matin, que « personne » ne l’avait « convoqué » pour cette audience.

Après l’appel des prévenus, des parties civiles et des témoins, la présidente a donné la parole aux avocats de la défense pour les questions de procédure, qui devraient occuper le tribunal toute la première semaine. L’audience a été suspendue vers 15 h pour une heure, afin que le tribunal délibère sur une question prioritaire de constitutionnalité (QPC).

Nicolas Sarkozy est accusé d’avoir passé fin 2005, notamment avec l’aide de ses très proches Brice Hortefeux et Claude Guéant, un « pacte de corruption » avec le richissime dictateur libyen Mouammar Kadhafi, tombé en 2011, pour qu’il « soutienne » financièrement son accession à l’Élysée.

Jugé pour corruption, recel de détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et association de malfaiteurs, il encourt 10 ans de prison et 375 000 euros d’amende, ainsi qu’une privation des droits civiques (donc une inéligibilité) allant jusqu’à 5 ans.

L’entourage de Nicolas Sarkozy assure qu’il est « combatif » et « déterminé » à prouver son innocence face à ce qu’il a toujours qualifié de « fable ».

L’accusation est portée par le Parquet national financier (PNF). « Notre travail n’est pas un travail politique, nous ne sommes pas engagés politiquement », a déclaré le procureur financier Jean-François Bohnert lundi matin sur BFMTV-RMC. « Nous n’avons qu’une seule boussole, c’est la loi ».

« Pacte de corruption »

Nicolas Sarkozy a été condamné en première instance et en appel dans le dossier Bygmalion (sur le financement de sa campagne de 2012, il a formé un pourvoi en cassation), et dans le dossier Bismuth.

Dans cette dernière affaire, dite « des écoutes », son pourvoi a été rejeté mi-décembre, rendant définitive sa condamnation à un an de prison ferme sous bracelet électronique, une sanction inédite pour un ancien président. Il ne porte cependant pas encore de bracelet – cela peut prendre plusieurs semaines – ce qui lui a permis de passer ses vacances aux Seychelles, avec sa femme, la chanteuse Carla Bruni, et leur fille.

Les audiences auront lieu les lundi, mercredi et jeudi après-midi, jusqu’au 10 avril. Nicolas Sarkozy sera selon son entourage présent à chaque audience pendant le premier mois, consacré aux soupçons de financement. Des volets annexes seront abordés les semaines suivantes.

« Il va combattre la construction artificielle imaginée par l’accusation. Il n’y a aucun financement libyen de la campagne », a déclaré son avocat, Me Christophe Ingrain.

L’accusation estime que le « pacte de corruption » s’est noué à l’automne 2005 à Tripoli, sous la tente de Mouammar Kadhafi, connu pour être très généreux avec ses visiteurs étrangers.

Nicolas Sarkozy était alors un ambitieux et très médiatique ministre de l’Intérieur pensant à la présidentielle de 2007. Sa visite en Libye était officiellement consacrée à l’immigration clandestine.

L’accusation n’a pas pu établir un montant total exact du financement présumé. Mais après 10 ans d’enquête, un « faisceau d’indices » a convaincu les juges d’instruction de l’existence de ce soutien financier.

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