C’est quoi cette affaire « Abou Aymeric el Versailly » déclenchée par l’humoriste Sophia Aram ?
«Abou Aymeric el Versailly ». C’est l’expression utilisée récemment sur X par l’humoriste Sophia Aram pour désigner le député apparenté LFI Aymeric Caron, une appellation qui divise la classe politique.
Sophia Aram, critique régulière de La France insoumise et fervente défenseure de l’esprit de Charlie Hebdo, a accusé l’élu de lancer une fatwa après qu’il a accusé la ministre Astrid Panosyan-Bouvet de « soutien du gouvernement génocidaire israélien ».
« Acte raciste »
A gauche, de nombreux responsables ont pris la défense de l’élu parisien. Le député LFI Carlos Martens Bilongo a ainsi qualifié les propos de l’humoriste d’« acte raciste », établissant un parallèle avec les surnoms « Ali Juppé » et « Farid Fillon » qui avaient été donnés lors de la campagne 2017 à Alain Juppé et François Fillon par l’extrême droite. « Quand les arguments manquent il reste la disqualification. Celle-là confine au racisme en laissant penser que tous les noms à consonance arabe sont suspects », a renchéri le chef du Parti socialiste Olivier Faure.
« La structure syntaxique ‘Abou + prénom + ville d’origine’ est celle qu’utilisent les djihadistes (de toutes origines) qui, comme le fait Caron, multiplient les fatwas contre leurs adversaires », lui a répondu l’humoriste, d’origine marocaine. « Assimiler les djihadistes aux musulmans ou aux Arabes comme vous le faites est raciste », a-t-elle ajouté.
Soutiens dans le camp présidentiel
Rare soutien de la chroniqueuse de France Inter à gauche, le député Place publique Aurélien Rousseau, ancien macroniste, a salué « une républicaine » avec la capacité à « percuter, faire rire, faire pleurer, nous forcer à nous demander ce qu’est »être de gauche », susciter le débat, se jeter avec son humour ravageur dans la polémique ».
« Je ne vais pas arranger mes affaires », a reconnu l’ancien ministre de la Santé d’Emmanuel Macron. En effet, le coordinateur de La France insoumise, Manuel Bompard, lui a rapidement répondu : « Une républicaine n’arabise pas les noms des gens avec qui elle est en désaccord pour les disqualifier. Un homme de gauche est antiraciste en toutes circonstances ».
Dans le camp présidentiel, Sophia Aram a également pu compter sur le soutien de la députée européenne Horizons Nathalie Loiseau, qui a appelé à « l’apaisement », ou du député Renaissance Pierre Cazeneuve, qui a reproché à Olivier Faure de « soutenir les fossoyeurs de la laïcité plutôt que ses défenseurs ».