L’Algérie soumet le dossier du « zellige » à l’UNESCO
Lors de l’ouverture du Mois du Patrimoine à Béjaïa, la ministre de la Culture et des Arts, Soraya Mouloudji, a annoncé une démarche ambitieuse pour valoriser l’héritage culturel algérien. Durant le mois d’avril, l’Algérie soumettra à l’UNESCO un dossier consacré à « l’art de la décoration architecturale en zellige et la céramique émaillée : savoirs et savoir-faire associés » pour son inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.
Selon la ministre, l’Algérie compte déjà 11 éléments inscrits au patrimoine culturel mondial immatériel de l’UNESCO. Parmi ces trésors figurent des pratiques et traditions qui témoignent de la richesse de l’histoire et des savoir-faire ancestraux du pays. Soraya Mouloudji a également rappelé que d’autres dossiers sont en préparation.
En mars 2023, les autorités ont soumis un dossier portant sur le costume traditionnel de l’Est algérien, accompagné d’un dossier arabe commun dédié au henné. Les résultats seront annoncés en décembre 2024.
Pour l’année en cours, le ministère a préparé activement dix nouveaux dossiers qu’il présentera dans les prochaines années. L’objectif est clair : inscrire davantage de traditions algériennes sur la liste du patrimoine immatériel de l’humanité.
Le zellige, un art ancestral
Le zellige, ou mosaïque en céramique, incarne un savoir-faire unique transmis de génération en génération. Cet art, profondément enraciné dans l’architecture des pays du Maghreb et particulièrement en Algérie, est un symbole de raffinement.
Il se distingue par des motifs géométriques complexes et des couleurs éclatantes qui ornent les murs des mosquées, des palais et des maisons traditionnelles.
L’histoire du zellige remonte à plusieurs siècles. Introduit sous la dynastie des Zirides, il s’est perfectionné avec l’influence andalouse et maghrébine, devenant une expression artistique à part entière. Ce savoir-faire ne se limite pas à un simple aspect décoratif : il reflète alors une vision philosophique où les motifs géométriques représentent l’harmonie entre l’homme et la nature.
En Algérie, des régions comme Tlemcen, Béjaïa et Alger sont reconnues pour leur maîtrise de cet art. Chaque motif, chaque couleur raconte une histoire, rendant chaque pièce unique.
Une mobilisation nationale pour le patrimoine immatériel
La ministre de la Culture a également mis en avant les efforts du ministère pour créer une base de données nationale du patrimoine immatériel algérien. Ce projet repose sur la documentation et l’enregistrement de traditions et savoir-faire sur divers supports.
Pour se faire, les directions de la culture, les musées nationaux, les parcs culturels, les centres de recherche, les universités et les associations de la société civile collaborent activement.
Cette initiative s’inscrit donc, dans une volonté plus large de préservation et de transmission des pratiques culturelles. En décembre 2023, l’UNESCO a inscrit sur sa liste l’art de la gravure sur métaux précieux (or, argent, cuivre), un dossier conjoint entre l’Algérie et neuf autres pays arabes.
Cette reconnaissance témoigne du rôle actif de l’Algérie dans la valorisation du patrimoine mondial.
Ainsi, avec la soumission du dossier sur le zellige, l’Algérie renforce son engagement à préserver son patrimoine culturel tout en le promouvant à l’international. Cet effort témoigne d’une volonté non seulement de sauvegarder des savoir-faire menacés, mais aussi de les transmettre aux générations futures. Le zellige, en tant qu’expression artistique et identitaire, occupe donc une place de choix dans cette démarche.