Soumission chimique : Texture, couleurs, les laboratoires priés de modifier leurs psychotropes pour alerter les victimes
La soumission chimique, phénomène préoccupant en France, connaît une hausse significative, notamment avec l’utilisation détournée de médicaments psychoactifs. Vendredi, l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a mis en lumière cet enjeu de santé publique et souhaite mobiliser les laboratoires pharmaceutiques pour réduire les risques.
La prise de parole de l’ANSM intervient dans un contexte marqué par l’affaire Mazan. Céline Mounier, représentante de l’agence, anticipe une augmentation des signalements : « Après l’affaire tragique de Mazan, peut-être que nous aurons davantage de signalements ». L’agence prévoit ainsi d’adresser un courrier début janvier aux laboratoires commercialisant des médicaments potentiellement détournés. Ces derniers seront invités à proposer des modifications rendant ces substances moins utilisables à des fins criminelles.
Mesures envisagées par l’ANSM
Parmi les pistes mentionnées figurent des changements visuels (colorants ou textures inhabituelles) ainsi qu’un goût ou une odeur identifiables. Céline Mounier précise que des adaptations ont déjà été apportées par le passé sur des médicaments comme le Rohypnol et le Rivotril : « L’ajout d’agents colorants a été réalisé au cas par cas. » L’ANSM a également sollicité ses homologues européens pour échanger sur les bonnes pratiques.
Le centre d’addictovigilance de Paris, qui a mis en place une plateforme téléphonique en octobre, reçoit un nombre croissant d’appels de femmes suspectant une soumission chimique ou de médecins ayant des doutes sur leurs diagnostics. David Darian, frère de Gisèle Pelicot, souligne que le danger dépasse les milieux festifs. « Il faut que les gens comprennent que ce n’est plus seulement quelque chose que l’on met dans un verre, ça peut se trouver dans la pharmacie familiale », dit-il.
Sensibilisation et soutien aux victimes
Le gouvernement a également réagi. Michel Barnier, alors Premier ministre, avait annoncé le 25 novembre l’expérimentation de kits de détection remboursés par l’Assurance maladie dans certains départements. Par ailleurs, Caroline Darian, fondatrice de l’association M’endors pas et fille de Gisèle Pelicot, insiste sur l’importance de former les soignants et de sensibiliser la population : « Il y a beaucoup à faire. »
En cette période de fêtes de fin d’année, l’ANSM rappelle aussi l’importance des mesures de prévention, particulièrement dans les lieux festifs.