Cyclone Chido : « Vous seriez 10.000 fois plus dans la merde »… A Mayotte, Emmanuel Macron perd son calme

«On veut savoir quels moyens vous allez nous donner ». C’est avec ces mots qu’une habitante de Mayotte s’adresse au président Emmanuel Macron, en déplacement officiel sur l’île après le désastre causé par le cyclone Chido. Détruite, l’île est en partie coupée du monde et des centaines, voire des milliers de morts sont à craindre. C’est donc au milieu des ruines des bidonvilles et dans un contexte tendu que le président ra effectué ce déplacement d’urgence. Jeudi soir, une vidéo captée par nos confrères de Brut a particulièrement été relayée. On y voit Emmanuel Macron s’agacer des critiques permanentes adressées par les Mahorais au cours d’un échange avec une femme lui reprochant de « venir lui dire que tout va bien ». « Non », proteste le président, avant de s’énerver.

Au moment de lui répondre, Emmanuel Macron a légèrement perdu son calme, fatigué d’entendre que la France ne faisait pas assez. « Moi, je vous dis juste que tout le monde se bat. Vous avez vécu quelque chose de terrible. Mais tout le monde se bat, quelle que soit la couleur de peau. N’opposez pas les gens. Si vous opposez les gens, on est foutus. Parce que vous êtes contents d’être en France. Car si ce n’était pas la France, vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ».

« Mais si, ça m’énerve »

Le ton est débridé et la colère du président se fait clairement sentir. Il tente de faire entendre les efforts du pays pour venir en aide à son département sinistré. « Il n’y a pas un endroit dans l’Océan Indien où on aide autant les gens, c’est la réalité. On ne peut pas vouloir être un département français et dire que ça ne marche pas. Quel est l’autre territoire de cette région qui livre de l’eau, des soignants comme ici ? Alors il faut que tout le monde se respecte ». Son micro se coupe involontairement et le président n’est plus entendu par la foule. Avant de lâcher, en réponse à une habitante : « Mais si, ça m’énerve ! Parce que c’est inacceptable ».

Depuis son arrivée à Mayotte jeudi, le président Emmanuel Macron doit faire face à l’hostilité d’une partie de la population locale, désemparée face au désastre subi. « Aujourd’hui, on doit filmer pour montrer au monde entier ce qu’il se passe à Mayotte. Il n’y a pas la belle vie, il faut dire la vérité aujourd’hui », avait dénoncé la femme, au cours de sa prise de parole spontanée et un peu confuse.

Le président prolonge son séjour sur l’île

Arrivé à Mayotte jeudi dans la journée, Emmanuel Macron a décidé d’y prolonger son déplacement jusqu’à vendredi. « J’ai décidé de dormir ici parce que je considérais que compte tenu de ce que vit la population », repartir le jour même aurait pu « installer l’idée qu’on vient, on regarde, on s’en va », a-t-il expliqué dans la soirée. « C’est une marque de respect, de considération », a-t-il assuré.

Avant cela, le président avait dû essuyer les slogans des Mahorais, appelant à sa démission ou réclamant de l’eau. N’arrivant pas à détailler les mesures égrenées au fil de la journée, Emmanuel Macron a fini par lâcher : « C’est pas moi le cyclone ! Je ne suis pas responsable ! ».