Rwanda : « Vous restez une énigme »… Prison à perpétuité pour le gendarme impliqué dans le génocide des Tutsis
«Vous avez été le bras zélé du génocide par votre action déterminée mais aussi déterminante. Sans vous, les faits n’auraient pas atteint une telle ampleur ». Ces mots prononcés par le président de la cour d’assises de Paris sont venus accompagner la condamnation à la perpétuité prononcée contre Philippe Manier, alias Philippe Hategekimana. Cet ancien gendarme rwandais âgé de 67 ans avait été naturalisé français et vit à Rennes. Il était rejugé pour son implication dans le génocide des Tutsis au Rwanda, qui a fait plus de 800.000 morts selon l’ONU, essentiellement des Tutsis exterminés entre avril et juillet 1994. En première instance, le gendarme avait déjà été condamné à la perpétuité.
Au terme de six semaines et demie de procès en appel, la cour d’assises de Paris l’a reconnu coupable de génocide et crime contre l’humanité pour quasiment tous les chefs d’accusation qui pesaient à son encontre. « Vous restez une énigme pour nous », a continué le président en s’adressant à Philippe Manier. « Vous n’avez pas montré de regret, pas de déni, pas d’introspection. Vous ne vous êtes présenté que comme la victime d’un complot ».
Debout pour entendre la décision de la cour dans le box des accusés, l’ancien militaire n’a pas réagi à l’annonce de la peine. Juste avant que la cour ne parte délibérer mardi matin, il avait déclaré que « la situation au Rwanda était un cauchemar sans fin. Le génocide à l’encontre des Tutsis a été une réalité atroce. Pour moi, le cauchemar continue. Je suis un homme brisé car innocent de ce dont on m’accuse ». Ses avocats veulent se pourvoir en cassation.
« La vérité judiciaire a été rendue »
Surnommé Biguma à l’époque des faits, l’ancien adjudant-chef était accusé d’avoir participé ou encouragé le meurtre de dizaines de Tutsi en avril 1994. L’accusation lui reprochait d’avoir participé en donnant des ordres, voire en étant directement impliqué sur le terrain, à plusieurs massacres, dont celui de la colline de Nyabubare ou du massacre de l’Institut des sciences agronomes du Rwanda. « La justice a été rendue, la vérité judiciaire a été rendue et nous en sommes satisfaits », s’est réjoui Alain Gauthier, président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR).
Le 30 octobre dernier, Eugène Rwamucyo, un ex-médecin rwandais, a été condamné à Paris à 27 ans de réclusion criminelle, notamment pour complicité de génocide. Il a fait appel.